Je suis une jeune femme congolaise qui a vécu dans une société où les parents ne nous parlaient pas des rapports hommes- femmes. Étant l’aînée je n’avais pas non plus de grande sœur pour m’aiguiller sur ces thématiques. Quand j’avais des interrogations je devais les enfuir au fond de moi ou aller en parler à mes copines plus expérimentées. Poser la question dans la sphère familiale c’était recevoir des blâmes dans le meilleur des cas, si non une terrible punition bien piquante. Alors l’instruction sentimentale a été construite au travers des films et des conversations entre amis. Je rêvais d’histoires de cœur à la Disney princesse ou calquer sur les scénarios des films romantiques que je consommais.
Les romances obéissent généralement au même schéma. Deux protagonistes se rencontrent, c’est l’amour au premier regard. Ils vivent quelques turbulences qui les éloignent l’un de l’autre puis finissent par se retrouver et échanger un très beau baiser. Les scènes qui m’intéressent aujourd’hui dans le cinéma, ce sont les scènes du baiser. Dans la majorité des scénarios, ça se passe de façon instinctive. L’acteur principal se rapproche de sa partenaire, la serre très fort et puis les deux se lancent dans l’acte. C’est donc ça qui a représenté la normalité à mes yeux durant de nombreuses années. Mon âme d’enfant voulait absolument la même chose.