
Environ 500 millions de filles et de femmes rencontrent chaque jour des difficultés pour gérer leurs menstruations dans de bonnes conditions. Ce phénomène est appelé la précarité menstruelle. Selon l’UNESCO, une fille sur dix en Afrique subsaharienne manque l’école pendant son cycle menstruel, ce qui représente environ 20 % de sa scolarité.
Je viens d’un pays où les serviettes hygiéniques les moins chères que j’ai trouvées sur le marché coûtent environ 500 FCFA (environ 1 euro) en ville, et en zone rurale, je suis certaine que cela coûte un peu plus cher. l’incidence de la pauvreté est de 46% au Congo selon la banque mondiale , de nombreuses jeunes filles n’ont pas les moyens financiers pour avoir accès à des protections. De plus, 74 % de la population congolaise a accès à une source d’eau potable, mais ce chiffre chute à 46 % dans les zones rurales. De nombreuses jeunes filles n’ont donc pas accès à l’eau potable, ce qui s’ajoute au manque d’accès aux toilettes pour pratiquer leur hygiène correctement.
Parmi ces femmes se trouve mon amie Aïcha (nom d’emprunt). En effet, elle m’a confié les difficultés qu’elle a rencontrées plus jeune pendant ses périodes menstruelles. Aïcha ayant grandi dans le village d’Abala, au nord du Congo, au sein d’une famille pauvre, n’a pu se procurer ses premières serviettes hygiéniques qu’à l’université. N’ayant pas les moyens financiers, elle a dû se débrouiller avec des morceaux de tissu, ce qui lui a causé quelques infections au cours de sa vie. L’adulte qu’elle est aujourd’hui aurait souhaité avoir accès à des moyens de protection convenables plus tôt dans sa vie.
De plus, d’autres filles ont du mal à accéder à des toilettes de qualité pour vivre sereinement leur période menstruelle, c’est le cas de Sasha. Il y a quelques mois, nous avons eu une conversation sur les difficultés de fréquenter un établissement public. Pendant cette conversation, elle m’a confié : « Au lycée, la période la plus stressante de ma vie était quand j’avais mes règles. les toilettes étaient impraticables. Je me rappelle que quand je partais à l’école avec la peur au ventre de rentrer avec des taches de sang sur mon pantalon. Je ne voulais pas être la risée de la classe ni même de l’école. Alors chaque mois, je passais trois jours d’angoisse quotidienne. La seule raison pour laquelle je ne manquais pas les cours, c’était parce que mes parents m’auraient punie. Ils étaient intransigeants sur le fait d’aller régulièrement à l’école. » Sasha n’est pas la seule à avoir eu cette expérience. Malheureusement, pour de nombreuses filles, ces expériences ont pesé dans la balance pour mettre fin à leurs études.
« Nous sommes obligés de subir, peut-être qu’un jour on aura pitié de nous et on nous construira des toilettes«
Hier encore, ma voisine de 12 ans m’a confié l’angoisse que représentait pour elle d’être en période menstruelle. Elle m’a dit : « Dans mon école, les toilettes sont impraticables, et l’eau ne coule pas à la pompe depuis des mois. Durant mes périodes, quand je vais à l’école, je regarde constamment ma montre et j’ai hâte de rentrer à la maison. Il est clair que je ne suis pas la fille la plus concentrée en classe durant ce moment. Mais qu’est-ce que je peux faire d’autre ? Nous sommes obligés de subir, peut-être qu’un jour on aura pitié de nous et on nous construira des toilettes ». Autant vous dire que j’ai ressenti une grosse boule au ventre en pensant qu’elle ne puisse pas jouir en toute quiétude de son droit fondamental à l’éducation.
Des Aïcha, Sasha ou ma voisine, il y en a des millions à travers le monde. En cette journée du 11 octobre, journée internationale des filles, il est important de rappeler qu’à cause de la précarité menstruelle, les filles ne peuvent pas pleinement profiter de leur scolarité en toute quiétude. Ces filles méritent de vivre dignement cette période de leur mois et évoluer dans un milieu où elles pourront exprimer leur potentiel sereinement. Il est donc impératif de lutter contre la précarité menstruelle car elle empiète sur les droits fondamentaux des femmes et des filles à travers le monde.Si vous vous demandez comment vous pouvez aider à votre niveau, vous pouvez contacter des organisations comme l’association Adeen Tahny qui militent pour la lutte contre la précarité menstruelle. Actuellement, ils organisent une collecte de serviettes hygiéniques, et vous pouvez y participer. Travaillons ensemble pour mettre fin à ce fléau.