Archives pour la catégorie Expérience

OUI JE LE VEUX

Je suis une jeune femme congolaise qui a vécu dans une société où les parents ne nous parlaient pas des rapports hommes- femmes. Étant l’aînée je n’avais pas non plus de grande sœur pour m’aiguiller sur ces thématiques. Quand j’avais des interrogations je devais les enfuir au fond de moi ou aller en parler à mes copines plus expérimentées. Poser la question dans la sphère familiale c’était recevoir des blâmes dans le meilleur des cas, si non une terrible punition bien piquante. Alors l’instruction sentimentale a été construite au travers des films et des conversations entre amis. Je rêvais d’histoires de cœur à la Disney princesse ou calquer sur les scénarios des films romantiques que je consommais.

Les romances obéissent généralement au même schéma. Deux protagonistes se rencontrent, c’est l’amour au premier regard. Ils vivent quelques turbulences qui les éloignent l’un de l’autre puis finissent par se retrouver et échanger un très beau baiser. Les scènes qui m’intéressent aujourd’hui dans le cinéma, ce sont les scènes du baiser. Dans la majorité des scénarios, ça se passe de façon instinctive. L’acteur principal se rapproche de sa partenaire, la serre très fort et puis les deux se lancent dans l’acte. C’est donc ça qui a représenté la normalité à mes yeux durant de nombreuses années. Mon âme d’enfant voulait absolument la même chose. 

Des années plus tard, la vie m’a confronté à un autre schéma que je n’avais jamais connu auparavant. Il y avait ce jeune homme qui me faisait ressentir des papillons dans le ventre depuis un moment. Je pensais littéralement à lui plus souvent que de manger. Il était mon rêve éveillé et la lumière qui illuminait mes journées. Un soir, il m’avait invité chez des amis pour une fête d’anniversaire. Pendant que la soirée battait son plein, à un moment donné nous nous sommes éclipsés. Nous étions assis devant le portail de son ami l’un à côté de l’autre admirant des passants quand il m’a posé la fatidique question. Est ce qu’il pouvait m’embrasser ? Mon cerveau a eu un bug durant quelques secondes avant que je ne réponde un « NON » sec. L’atmosphère est devenue froide tout d’un coup et j’ai fini par lui demander de me raccompagner chez moi. J’étais en colère qu’il ait osé poser la question. Il devait simplement le faire. Bien que j’attendais ce petit bisou depuis des mois j’avais dit non parce qu’à mes yeux ce n’était pas normal de demander. C’est quelque chose qu’on devait simplement faire c’est tout. Par sa demande il avait gâché ce moment que je voulais romantique. Me poser la question c’était briser tout ce qu’il y avait de beau dans l’acte. Je rêvais qu’on m’attrape par la taille avec fougue comme je l’ai toujours vu dans les films, pas une demande aussi insipide et ringarde.

Comme tout ado qui se respecte, j’en ai parlé le jour suivant à l’une de mes meilleures amies de l’époque. Elle m’a dit que ce mec était bizarre et c’était un Pecks – dans le jargon congolais ça signifie un homme mou ou pas courageux -. Je ne voulais pas être la jeune fille qui fréquentait un mouilleur. Je voulais un vrai gars, pas un qui ne pouvait même pas me faire un bisou sans me demander. Quel affront de demander ce genre de chose à une femme ? Ne voyait-il pas les films ? Ne discutait-il pas avec ses amis ? Pourquoi avait-il ressenti le besoin de faire ça ? 

Je raconte cette histoire aujourd’hui parce que je réalise que pendant une bonne partie de ma vie on ne m’avait pas enseigné le consentement dans une relation de couple. Que ce soit dans les films, par mes amies ou encore dans le cercle familial. Je ne critique pas mon éducation. On m’a transmis ce que l’on jugeait important et je suis reconnaissante pour ça. Malheureusement le consentement ne faisait pas partie de cet héritage. A l’époque j’en ai voulu à ce jeune et je l’ai calomnié. Pourtant il avait l’attitude la plus responsable qu’une personne de son âge pouvait avoir, demander à une femme s’il a le droit de faire quoi que ce soit sur son corps. Ça peut paraître dérisoire, mais ce soir-là il m’avait montré que ce n’était pas que de son envie dont il était question mais mes besoins étaient tout aussi importants. Avec le recul, je pense que l’on m’avait dit ou montré que c’était bien plus sexy de demander que d’attirer quelqu’un de force vers soi pour l’embrasser quelque soit le canal, j’aurais sûrement vu les choses différemment. Demander l’autorisation avant de toucher quelqu’un devrait être vendu comme ce qu’il y a de plus sexy au monde. Que ce soit dans les films, les discussions familiales ou amicales. Une narration différente aurait configuré mon mental différemment.

Aujourd’hui, à l’ère post #metoo, le consentement occupe une place importante dans les discussions mondiales. On parle beaucoup de s’assurer que notre partenaire est d’accord pendant toute les phases de la relation sexuelle. Mais questionnons nous assez les autres aspects de la vie sentimentale ? Avant d’en arriver au sexe, il y a plusieurs phases qui impliquent la participation des deux protagonistes. Est ce que nous demandons à notre partenaire si l’on a le droit de faire x ou y chose sur son corps ? Que ce soit une caresse, se prendre la main et toutes ces choses qu’on juge normales. Certains diront que la communication non verbale existe et elle compte tout autant dans les relations de couple. Et je vous le concède ! mais ne faut-il pas verbaliser nos actions, nos choix, nos envies pour être sûr que nous sommes bien sur la même longueur d’ondes avec notre partenaire ? N’est il pas mieux de s’assurer que certaines mimiques sont en accord avec la signification que nous leur prêtons ? 

Je conclurais en vous posant la question qui me taraude l’esprit depuis mon réveil. Avez-vous déjà demandé la permission à votre partenaire si vous pouviez l’embrasser ?

 

Exaucée

GUIDE DE SURVIE D’UNE IMMIGREE : PART 1 (choix d’une école)

Il y a deux ans j’avais entamé un changement de vie. J’étais arrivée à un point où j’avais besoin d’une réelle évolution sur tous les plans de ma vie. Que ce soit sur le plan personnel ou professionnel. Je voulais de nouveaux challenges dans mon travail parce que le sentiment de lassitude s’était installé. Il me fallait gagner plus d’argent (je n’avais pas bien évalué ce point) et plus important encore je n’en pouvais plus de vivre au Congo. Ce pays que j’aimais tant n’avait plus grand chose à m’offrir pour les prochaines années (c’est un avis PERSONNEL). Alors j’ai décidé de partir loin de ma terre natale. J’ai économisé durant des mois, et avec l’aide de ma famille j’ai pu réunir les fonds nécessaires pour mettre les voiles.

Aujourd’hui j’aimerais revenir sur certains points que j’aurais aimé savoir avant de m’engager sur cette voie.

Ce premier article d’une longue série j’espère aborderont les difficultés de l’immigration selon ma vision des choses.

Disclaimer : J’ai immigré en France alors je ne parlerai que de ce qui concerne ce pays. Aussi tout ce qui sera dit par la suite est inspiré de mon expérience personnel.

Rentrons dans le vif du sujet !

Le choix du cœur n’est toujours pas la bonne.

Suivant les pays, certains métiers sont plus plébiscités que d’autres. Au Congo par exemple, les métiers administratifs ont encore le vent en poupe, ce qui ne sera pas forcément le cas en Chine, en Uruguay et bien sûr en France. Ne pas avoir fait la totalité de ses études universitaires en France peut représenter un handicap. Notre parcours sera moins valorisé que celui d’une personne qui a fait tout son cursus scolaire en hexagone. Aussi on sera en compétition directe avec les natifs. Alors il en va de notre survie de choisir des métiers cibles qui sont recherchées. Si vous aviez une passion qui ne suit pas les codes du marché de l’emploi, il faudrait peut-être réévaluer votre choix. Tu Oui la passion est importante, mais c’est l’argent qui remplit le frigo et paye le loyer 😊.

Le nom de ton école compte !

Comme dit précédemment, tout ce que je voulais c’était de travailler ailleurs et expérimenter une nouvelle vie. Je recherchais une école qui m’accepterait assez facilement et qui me permettrait d’accéder au monde de l’emploi sans faire de longues années d’études ou recommencer à zéro. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai choisi une spécialisation qui durait un an et qui n’invaliderait pas mon diplôme d’ingénieur obtenu précédemment. Grâce à mes amis je savais exactement où postuler pour y arriver. J’aurais pu avoir une université avec une meilleure renommée, du moins j’aurais dû tenter. Mais je me suis contentée de la solution de facilité. Malheureusement le nom sur ton diplôme déterminera ton salaire 🥲. Une personne qui a par exemple fait diplôme d’ingénieur est mieux payer que celui qui sort d’une fac. Bien sûr que c’est important de faire des choix dont l’issue nous sera favorable mais il est tout aussi important d’oser.

La vie c’est les gigas !

Un peu d’humour… nous sommes dans un monde capitaliste et tout tourne autour de l’argent. Si vous n’avez pas d’appuis financiers solides ou des personnes qui vous aideront en cas de pépin, préparez vous correctement. Aller ailleurs en essayant de vivre décemment coûte beaucoup d’argent. Et sur cette voie il y aura beaucoup d’imprévus. Sachez également que le dicton « quand il y a pour un, il y a pour plusieurs » s’arrête dans les frontières africaines. Généralement c’est le chacun pour soi qui s’applique ici en Europe. Au risque d’avoir une violente désillusion et flirter avec la précarité, préparez le djaï -argent en nouchi-

S’entourer et communiquer 

Les procédures administratives sont un enfer en France. De mon côté je n’ai pas connu trop de difficultés parce que je m’y étais prise tôt pour plusieurs choses. Par exemple, ma sœur m’avait dressée un guide expliquant point par point ce que je devais faire (merci la go tu as sauvé la vie de quelqu’un). Mes amis sont passés par mon école et ont vécu dans ma ville. Ils m’ont listé les bons plans en matière de logement et de nourriture. J’avais aussi tout un dossier sur le drive contenant des cours, les anciens examens, les fiches de lectures, et des astuces. J’avais également un dossier drive contenant les noms des entreprises de mon domaine où postuler très tôt pour avoir accès aux stage.

Malgré tout ce n’était pas suffisant, se lier d’amitié avec des personnes venant d’horizons différents m’a offert d’autres facilités. 🙂.

En outre, avoir un support système efficace te permettra d’avancer durant les coups durs.

L’école est dure et ce pays est le caillou !

Je me lâche sur tous types d’expressions no sens je sais. Pour ceux qui comme moi veulent reprendre des études, soyez indulgent avec vous même. Les débuts seront difficiles, très difficiles. Plusieurs fois, je me suis vraiment demandée ce que je foutais ici. J’étais bien financièrement, j’avais ma petite vie et l’univers commençait à être clément avec moi après des années de galère. Pourquoi se torturer à repartir de 0?? Pour la première fois de ma vie j’ai vraiment dû travailler, beaucoup travailler pour avoir de bonnes notes. Ce que j’ai retenu de ces moments c’est que nos capacités ne se mesurent pas aux notes que l’on aura car nous avons déjà fait nos preuves dans la vie. La reprise vous donnera quelques violents coups à encaisser et la France aussi. Le mode de fonctionnement est différent donc il vous faut un temps d’adaptation. Si vous êtes une grande pleureuse comme moi, préparez déjà vos larmes. Mais ne baissez jamais les bras! Comme on dit « cabri mort est ce qu’il peut mourir encore ? »

Je terminerai par ce conseil de ma sœur « tu changes de vie soit clémente avec toi même ».

J’espère que tout ceci vous aidera et que vous ferez mieux que moi 😊. Bonne chance et surtout n’oubliez pas de vivre librement.

moi Sylvia, biologiste, biochimiste etc…

Sur les réseaux sociaux cette semaine, notamment twitter on a rendu hommage aux femmes évoluant dans le domaine des STEM science, technology engineering and mathematics (science, technologie, ingénierie et mathematiques). A cette occasion, Sylvia une jeune femme biologiste et une des personnes à la tête du projet Ebalé a voulu répondre à mes questions.

Qui est sylvia ?

Je suis une jeune femme congolaise qui aime apprendre. Je me définis comme quelqu’un de curieux qui essaie d’en savoir toujours un peu plus chaque jour. C’est dans cet esprit que je poursuis un doctorat en biologie du développement. J’étudie les mécanismes d’entrée en mitose ou plus simplement comment une cellule arrive à se diviser pour générer deux cellules identiques.

Comment s’est passé ta rencontre avec la science

Je suis quelqu’un de naturellement curieux et logique. Enfant j’étais fascinée par le corps humain et les maladies en conséquent je voulais être médecin. C’est en réalisant enfin des travaux pratiques au lycée que je me suis rendue compte que soigner les maladies c’était bien mais je voulais comprendre comment on tombait malade. C’est ainsi que mon amour et ma fascination pour la biologie s’est transformé en passion pour la recherche biologique.

Je suis fascinée par la complexité mais aussi la simplicité du corps humain et des mécanismes qui y prennent place. En vrai je suis biochimiste et biologiste moléculaire, mon gros kiff ce sont les protéines.

Au lycée j’ai appris que comprendre ce qui se passait avec l’ADN et donc parfois les protéines pouvait expliquer plusieurs maladies.

Depuis je suis devenue biologiste, je passe mon temps entre la paillasse, mon ordi et beaucoup de lecture à essayer de répondre à une question précise.

Comment définirais-tu ton parcours en quelques mots

Imprévisible, fun et bienveillant !

Imprévisible parce que je me retrouve où je suis grâce à plusieurs évènements hors de ma portée. Au lycée, la directrice de mon établissement (Bambino à Brazzaville) m’a inscrite ainsi que cinq autres élèves à un concours avant d’en parler à nos parents. Du jour au lendemain je me retrouvais à étudier au Canada. 

La bourse qui m’envoyait au Canada me permettait de briguer une autre qui permets de compléter son bachelor dans une bonne université américaine.

De là j’ai atterri en France pour un master et de fil en aiguille dans le laboratoire où je poursuis mon doctorat aujourd’hui.

À une Sylvia qui a 17ans, tout ceci aurait été de la fiction.

Déjà faire de longues études n’est pas très bien vu par certains de nos parents : lorsque je dis à quel âge j’aurai arrêté d’étudier, tout le monde crie. J’ai été découragée par plusieurs membres de mon entourage qui auraient préféré que je trouve un vrai travail et me marie

Tu es une jeune femme africaine qui veut faire de longues études et de la recherche, comment le vis tu ?

Oui je suis une jeune femme qui fait de longues études.

Déjà faire de longues études n’est pas très bien vu par certains de nos parents : lorsque je dis à quel âge j’aurai arrêté d’étudier, tout le monde crie. J’ai été découragée par plusieurs membres de mon entourage qui auraient préféré que je trouve un vrai travail et me marie. 

Mais je ne peux pas trop me plaindre, j’ai beaucoup de chance d’avoir grandi avec un père qui m’a fait comprendre que ce que je voulais comptais plus que tout. En plus lui aussi avait complété un doctorat !

Durant ton parcours quels ont été les plus gros défis que tu as rencontrés ? 

Mon plus gros défi était de me sentir à ma place. Au lycée, je me sentais décalée en fonction de mes camarades de classes. Étudier à l’étranger et en anglais n’a pas arrangé les choses, ça me donnait l’impression que je n’étais pas où je devais être et donc que je ne méritais pas ce qui m’arrivait. C’est le fameux syndrome de l’imposteur !

Actuellement, je veux donner une voix à la femme noire que je suis et prendre de l’espace afin de défendre mes intérêts et ceux des autres.

Pendant les moments de doutes ou les phases ou tu perds la force de continuer ? quels sont tes moteurs

C’est cliché si je dis mon boss ? Lol. Ça arrive souvent, très souvent même que je doute de moi. Dans ces cas-là, je me pose et je revois tout ce que j’ai réalisé. Je revois chacune des difficultés rencontrées et les solutions trouvées. Je peux ainsi me rappeler que je suis forte, compétente et que je peux surmonter tout ce qui se présente à moi.

Pour revenir à mon boss, je suis bien entourée où je poursuis mon doctorat. Mon boss quand je doute me rappelle que je suis « brillante » et ça fait du bien. Avoir un bon entourage et de bons encadreurs change des vies.

On a fait la rencontre de Sylvia la biologiste mais quelles sont les autres facettes de toi ? quand tu sors de ton laboratoire qu’est-ce que tu fais ?

Quand je sors du labo, je fais plein de choses ! Tellement que je ne peux pas faire tour de ce que j’aime. Mon plus grand amour en dehors de la science c’est la nourriture. Je sors manger au resto et découvrir de nouvelles cuisines, j’ai un faible pour la nourriture chinoise et coréenne. Je cuisine aussi souvent, j’essaie de nouvelles recettes et utilise mes collègues comme cobayes.

Après je fais plein de choses en amateur : je crochète des écharpes, je couds à la machine, je fais du jardinage et un truc pas très connu, j’écris des poèmes.

As-tu des rêves que tu nourris ? 

Je rêve de continuer à apprendre et étudier longtemps lol. En vrai, j’aimerai voir plusieurs générations de jeunes femmes congolaises poursuivre des carrières en recherche scientifique. Ce n’est pas une carrière qui est valorisée parce que les débouchés au pays sont moindres. 

J’aimerais cependant que les jeunes femmes sachent que c’est une carrière accessible et qu’elles ont le pouvoir de faire bouger les choses.

Quels sont tes perceptives pour la suite

Dans le court terme, obtenir mon doctorat en 2022 si possible et continuer à travailler sur Ebalé. Ebalé est une structure que j’ai co-créé qui donne des travaux pratiques aux jeunes congolais leur permettant ainsi d’allier l’enseignement théorique à la pratique.

Retrouvez Sylvia Nkombo Nkoula sur Twitter et Facebook @sylviaNkombo

La Sangha et la Cuvette-Ouest, deux départements face à un désastre écologique

Réserve de faune de la Lékoli-Pandaka

Pendant le mois d’aout, dans le cadre de l’étude des roches magmatiques et métamorphiques de la partie nord massif du Chaillu, nous avons visité plusieurs localités dans le département de la Sangha et de la Cuvette-Ouest. Lors de cette expédition scientifique, nous sommes allés à la rencontre des populations et des autorités locales pour discuter des problèmes environnementaux et sociaux. Suite à ces discussions enrichissantes, j’ai décidé d’écrire cet article pour partager mon point de vue sur la situation actuelle dans cette région.

Les départements de la Sangha et de la Cuvette-Ouest sont situés au cœur de la forêt du bassin du Congo. Ils comprennent des milliers de kilomètres de forêts denses, de savanes, de marécages et abritent plusieurs aires protégées dont le parc national d’Odzala-Kokoua, la réserve de faune de la Lékoli-Pandaka, le sanctuaire de gorilles de Lossi et une partie du parc national Nouabalé-Ndoki. La faune de la zone est riche et variée néanmoins, plusieurs espèces, tels que le gorille des plaines de l’ouest, l’éléphant de forêt d’Afrique, le pangolin géant, le bongo… sont menacées. Grâce à la présence de nombreuses formations magmatiques et métamorphiques, ils possèdent de nombreux gisements de fer, de titanium, d’uranium, de quartz et de coltan.

Carte du réseau routier de la Sangha et de la Cuvette-Ouest avec en bleu les localités que nous avons visité

Zoulabouth

Au village de Zoulabouth à environ 68 Km de Ouesso, les autorités du village, à savoir le chef du village, son secrétaire, et le conseiller municipal nous ont fait visiter une carrière de gisement d’or exploitée par des entreprises chinoises (Maud Congo, Zingo Pétrole, Global négoce, Distribution terminale et Super Galerie Business). Lors de l’exploitation de la carrière, les entreprises avaient formellement interdit aux habitants de Zoulabouth de s’approcher de leurs zones d’activité, profitant ainsi pour raser plusieurs hectares de forêts, polluer des cours d’eau au mercure, créer des zones de forage dans lesquels stagnent des eaux usées. Les autorités locales se sont rendues compte du désastre écologique dans leur village après le départ des entreprises chinoises.

Les conséquences observées par ce désastre écologique sont :

  • La disparition des poissons dans les cours d’eau à cause de la pollution au mercure
  • La prolifération des moustiques à cause des eaux usées responsable du paludisme
  • Les éboulements et les glissements sont fréquents dans les zones aux alentours de la carrière
  • La rareté des animaux dans le foret et aux alentours du village due au rasage d’une grande superficie de foret, ce qui complique grandement la chasse
  • L’état d’urgence sanitaire et écologique du village

Les autorités de Zoulabouth ont alerté les autorités du département de la Sangha sur la situation au village et signifier du non-respect du code minier de la part des sociétés chinoises qui ont exploité de l’or dans leur village. Le code minier congolais stipule que les entreprises doivent réhabiliter leurs sites de production à la fin de leur activité d’exploitation, mais hélas ils n’ont reçu aucune réponse. Ils ont même fait part de leurs problèmes au ministère des mines et de la géologie ainsi qu’au ministere du tourisme et de l’environnement mais personne n’est venu faire un constat dans leur village. Les populations ont fini par se résigner, mais le 4 Aout 2020 la ministre du tourisme et de l’environnement madame Arlette Soudan-Nonault accompagnée de son équipe ont fait une descente dans le village et ont pu constater les dégâts de l’exploitation minière dans le village. Elle a promis une réhabilitation des sites détruits.

La carrière abandonnée de Zoulabouth à proximité d’un cours d’eau pollué

Biessi

Le village de Biessi se situe à environ 141 Km de Ouesso, nous avons fait la rencontre d’un garde forestier communément appelé écogarde habitant dans le village. Il nous a expliqué que son village et la grande majorité des villages du département de la Sangha souffrent du même désastre écologique que le village de Zoulabouth. Les entreprises chinoises arrivent, brandissent leurs permis d’exploitation et interdisent aux villageois l’accès à leurs zones d’activité. C’est à la fin des activités que les villageois constatent les dégâts. Ce schéma se perpétue continuellement depuis de nombreuses années sous l’œil du gouvernement congolais. La présence des eaux usées et la contamination des sources d’eau ont été la cause principale des maladies infantiles dans le village après de départ des sociétés chinoises, certains enfants y ont même perdu la vie. Les sources d’eau saines autour du village se faisant rare, les villageois sont désormais obligés de faire des kilomètres à pied tous les jours en forêt pour trouver des cours d’eau non contaminé et se ravitailler en eau potable.

À la fin de leurs séjours ils reçoivent une grosse enveloppe et repartent à Brazzaville. En somme, ils n’inspectent rien et on pourrait se questionner sur le contenu des rapports qu’ils remettent à leurs directions. 

Souanké

Souanké est un district du département de la Sangha et est situé à 277 Km de Ouesso. Durant notre passage, le gérant d’une auberge qui accueille beaucoup de délégations, nous a raconté que chaque année plusieurs agents d’inspection des activités minières venus de Brazzaville séjournent dans son auberge. Ils viennent pour l’inspection mais ils sont pris en charge par les entreprises minières de la région. Celles-ci payent leurs chambres à l’auberge, leurs fournissent de l’alcool, de la viande de brousse et des femmes. Ils passent leurs séjours dans la région à picoler, à manger, à faire la fête et du tourisme sexuel. Ces agents n’effectuent même pas des descentes sur les sites d’exploitation de ces entreprises. À la fin de leurs séjours ils reçoivent une grosse enveloppe et repartent à Brazzaville. En somme, ils n’inspectent rien et on pourrait se questionner sur le contenu des rapports qu’ils remettent à leurs directions. 

Oyabi

A Oyabi, un village à environ 60 Km de Kellé un district dans la Cuvette-Ouest les autorités du village avaient formellement interdit l’accès à leur village aux entreprises minières chinoises. Plusieurs entreprises chinoises sont venues dans le village avec des permis d’exploration mais ils ont catégoriquement refusé de les laisser travailler dans le village. Les villages de la Cuvette-Ouest subissant des désastres écologiques causés par des entreprises chinoises lors de l’exploitation des minerais. Ils ont décidé de protéger leur village par leurs propres moyens, quitte à aller à l’encontre des décisions gouvernementales, car celui-ci leur a délivré un permis d’exploitation. J’espère qu’ils tiendront leurs positions longtemps mais je crains que ses entreprises fassent intervenir la police ou l’armée afin de soumettre le village. Le village de Oyabi possède beaucoup de quartzites riches en fer, ce qui rend les enjeux économiques importants.

Ngoyeboma

Au village de Ngoyeboma à environ 63 Km de Kellé, nous avons fait la connaissance d’un orpailleur. L’orpaillage est une activité qui consiste à rechercher de l’or en utilisant des méthodes artisanales avec un orpailleur. Il nous a fait visiter son site de travail et il nous a expliqué que dans la région les activités d’orpaillage subissent beaucoup d’inspection et de contrôle de la part des agents des ministères des mines et de la géologie et ceux du ministère du tourisme et de l’environnement. Les agents n’hésitent pas à leur imposer des taxes ou à leur mettre des amendes à tout va. Beaucoup d’orpailleurs ont décidé d’abandonner leur métier vu la chute des cours des minerais et le nombre croissant de taxes qu’ils subissent quotidiennement. L’orpaillage n’est quasiment plus une activité rentable. Il trouve que le gouvernement s’acharne un peu trop sur eux tandis que les entreprises minières chinoises qui détruisent l’environnement à grande et petite échelle, ne respectant pas le code minier congolais ne sont jamais inquiétées. Le gouvernement est faible contre les forts et fort contre les faibles. 

Site d’orpaillage de Ngoyeboma

Cette expédition scientifique au cœur de la Sangha et de la Cuvette-Ouest m’a ouvert les yeux sur les activités néfastes des entreprises minières chinoises dans notre pays. Nous qui vivons dans les grandes villes, sommes très souvent mal informés et déconnectés des réalités des habitants des villages. Les discussions sur l’écologie tournent souvent autour des problèmes dans les villes : pollution due à l’activité pétrolière à Pointe-Noire, pollution plastique dans les villes, pollution de l’air dans les villes… tandis que la situation dans les villages est beaucoup plus préoccupante que la nôtre. Ce désastre écologique enfonce une partie de la population dans la précarité et est la cause de certains décès infantiles.

Legran J.E. Plavy Ntsiele

Master student in igneous petrology at Stellenbosch University, South Africa 

La ville suivant mon cœur Part 1

Si vous êtes de passage au Congo ou même que vous y habitez, marquez un stop à Pointe Noire. C’est la deuxième ville du pays, c’est sûrement pas la plus belle des villes mais c’est une ville pleine d’histoire et aussi la plus vivante que j’ai jamais vu. Vous me diriez sûrement sur quelle base j’avancerai cela, Mais je vous répondrai que c’est suivant mon cœur.
Parmi les merveilles que regorge cette ville maritime il y a ce petit musée à quelque kilomètres de la ville, c’est le musée de Loango.

Là bas j’y ai rencontré deux conservateurs, l’un assez âgée et le deuxième plus jeune. En nous expliquant le caractère historique de cette endroit, on percevait la lueur dans leurs yeux, le sourire et la passion des hommes qui aiment leur travail. Parmi les récits qui m’ont touché il y a ceux de la traite des noirs et colonisation, l’histoire du roi blanc et la préparation au mariage chez les jeunes du royaume.


En ce qui est de la colonisation, le récit n’est pas loin de ce qu’on apprend pendant les cours d’histoire, mais il y a des choses où j’ai appris là bas. Les congolais ont est un peu brouillant durant des générations 😁,

la vie n’un homme noir était l’équivalent de….


Il y a cette phrase qui m’a marqué « chaque tasse de café contient quelque gouttes de sang noir » Je ne vous donnerai tous les détails pour garder la magie intacte lors de la visite.
Il y aussi l’histoire du Maloango (roi de loango), ce qu’il faut noter c’est que dans le royaume Loango c’est le matriarca. Le pouvoir se transmet de l’oncle au neveu, car selon eux on est sûr de la maternité d’un enfant mais pas de sa paternité. Ainsi le roi poaty vient au trône après la mort de son oncle qui y a régné 3 ans avant lui. Son oncle trouva la mort car l’administration coloniale le trouvait trop attaché à nos rites et traditions. Son successeur le roi Poaty a participé à la première guerre mondiale et a même été décoré à ce titre. Ce qui le démarquait de ses prédécesseurs c’est qu’il avait adopté la culture européenne. Que ce soit dans son habillement, sa maison et autres. Il avait opté pour le véhicule et avait délaissé le « tipoye » (moyen par lequel on transportait les rois à l’époque).

En ce qui est du mariage, les jeunes filles suivaient tout un rituel de préparation 🙂.

En outre lors de la visite on parle de l’histoire des différents royaumes du Congo, leur tradition, us et coutumes, les objets traditionnels, le mode de vie à cette époque… et une belle exposition photo de Pointe Noire dans Les années 30-50.

Faites y un tour et découvrez la magie de ce lieu sacré. Surtout vivez librement

Étranger dans son pays

Pour la plupart des gens qui ont longtemps vécu à l’étranger le retour peut être est brutal, après avoir vécu 5 ans hors de chez moi, le retour aux sources a été plus difficile que je ne pensais. Là-bas j’avais une certaine vie, ma petite routine et énormément de liberté. En rentrant chez soi, on fait face à une nouvelle dynamique dont on ne s’était pas forcément préparé. Les points qui peuvent être difficiles pour les étudiants diplômés, ceux qui se réinstallent aux pays ou simplement pour ceux qui rentrent pour des vacances sont les suivantes :

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  • Est-ce vous qui avez changé ou votre pays

Quand vous vivez longtemps dans un autre pays, sans vous en rendre compte vous adoptez leur culture. Certains plus que d’autres mais d’une certaine façon vous gardez un peu de ce pays en vous. Et au retour à la maison, vous êtes confrontés à une nouvelle version de vous-même. Certaines pratiques de votre pays d’origine vous semblent bizarre et d’autres vous plaisent beaucoup plus qu’avant. Parce que vous avez pris de la distance et vous avez une vision plus détachée.

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  • L’autorité parental

pour de nombreux étudiants qui rentrent au pays c’est l’un des points les plus difficiles. Vous aviez votre autonomie et indépendance sur plusieurs aspects de votre vie hormis le côté financier. De retour, se remettre sous l’autorité parental n’est pas toujours chose facile. Aujourd’hui vous avez franchi les limites qu’ils veulent vous fixez et vous aimeriez faire entendre votre voix haut et effort. Mais quand on est dépendant ce n’est pas toujours facile de s’imposer.

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  • Les amis sont plus ce qu’ils étaient

vous êtes sorti de chez vous, vous avez gagné surement en maturité et votre vision de la vie a évolué avec vous. Au retour vous pouvez avoir l’impression que votre façon de réfléchir et ceux de vos amis restés au pays ne concordent plus. Les centres d’intérêts ont changé, les choses que vous portiez à cœur aussi ont changé. En gros, vous n’êtes plus cette jeune fille, ou ce jeune homme d’il y a quelques années. Peut-être positivement ou négativement. Mais Il y a cette impression que vous êtes en déphasage avec ceux qui sont restés.

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  • Vous découvrez que vous aimez réellement d’où vous venez

. Souvent on critique notre pays car ce n’est pas aussi parfait qu’on voudrait qu’il soit, les choses devraient mieux se faire, peut être que c’est même l’un des plus mauvais pays du monde… quoi qu’il en soit, chaque personne voudrait être fière de ses origines en tout point. Ne vous inquiétez pas, quasiment tous les habitants de la planète ont quelques choses à redire de chez eux. Mais avec le recul vous avez appris à apprécier réellement les petits plaisirs de la vie. Que ce soit un plat, une expression ou un lieu qui vous semblait banal auparavant, aujourd’hui vous ressentez un réel plaisir face à cela. Votre niveau de patriotisme a augmenté et au final vous réalisez que vous aimez réellement votre pays, d’où vous venez mais toujours avec une pointe de critique.

Ne vous inquiétez pas, ces sentiments sont très présents les premiers mois. Même si au début on a cette impression d’être une étrangère chez soi, au bout du compte vous allez vous réadaptez même si ce temps de réadaptation varie d’une personne à une autre, vous finirez par vous y faire. Ouvrez votre esprit et soyez à l’écoute. Surtout vivez librement

 

 

3 raisons pour faire un Road trip au CONGO

D’entrée, le Congo est le plus beau pays au monde (pour ceux qui ont boudé, sachez que la beauté dépend du regard de la personne qui la perçoit, alors oui mon pays est le plus beau au monde… Voilà c’est dit).

On a tous déjà eu envie de voyager, de découvrir une ile du pacifique ou aller dans une grande et belle ville dans le monde (moi je rêve de Ryad). Mais pour la plupart des congolais c’est impossible. Pour cause les salaires sont faibles (encore si vous avez la chance d’être salarié car le chômage bat son plein) et passez des vacances ailleurs peut couter une petite fortune. Mais on ne soupçonne pas les endroits paradisiaques que regorge le Congo. Et si nous passions des vacances chez nous au Congo, vous avez des doutes ? voici quelques raisons pour vous en convaincre.

  • Se ressourcer

vivre en ville c’est stressant, entre le travail ou les cours, la vie de famille on ne sait plus se donner la tête. Prenez du temps pour vous, allez dans votre village natal, ou allez voir la famille qui se trouve dans une autre ville. Au mieux allez à l’aventure et découvrez de nouveaux horizons. Quoi de mieux que le faire en voiture.

Allez surfer sur les plages de Pointe-Noire ou manger du bon Liboké à la frontière avec l’Angola. Vous pouvez aller aux gorges de Diosso ou jouer au paintball. N’oubliez surtout pas de faire un tour dans les nombreux restaurants qu’il y a en ville. Prenez la route national numéro RN1 et marqué un stop à Dolisie, là-bas il y a des merveilles à voir. En remontant vers Brazzaville (la plus belle ville du pays) vous ne serez pas déçu par le paysage du Mayombe. Prolonger et visiter les villages du nord, si vous êtes fan du manioc et du poisson d’eau douce là-bas il y en a ébélé (beaucoup), allez pécher dans les plus grands étangs du pays. Pour un milieu un peu sauvage et naturel arrêtez-vous au Parc National d’Odzala-Kokoua la plus grande réserve du pays. Et à la fin de votre périple, Visiter les villages sur pilotis au nord du pays.

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Il y a pleins d’autres endroits que je vous laisse découvrir par vous-même

  • Transport à petit prix

généralement, quand on parle de voyage, on pense à prendre l’avion. Et ceux pour plusieurs raisons. On est un peu plus en sécurité et c’est rapide. Mais au Congo cela revient assez cher de passer d’une ville à une autre par avion. Une des solutions serait le transport en car ou en véhicule. Et si vous n’avez pas de voiture il n’y a pas de problèmes, avec l’arrivée en force des compagnies de transport de bus, voyagé revient relativement moins cher, Brazza-Pointe noire ou brazza-Nkayi, Brazza-Owando ou encore d’autres destinations vous reviennent relativement à moins de 30.000 franc CFA l’aller-retour. Aujourd’hui c’est possible de quitter le nord du pays jusqu’au sud pour pas grand-chose.

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  • De nouveaux défis

Beaucoup n’ont jamais pris le car parce qu’ils n’ont pas confiance à cause d’éventuels accidents, attaques… Déjà, la bonne nouvelle c’est que les attaques des ninjas se font de plus en plus rares. Et la sécurité est renforcé dans les camions de transport. Aussi au niveau de la zone la plus dangereuse, le Pool, on a multiplié les barrages de police et les contrôles (n’oubliez surtout pas votre carte d’identité). Si non dans le reste du pays il y a 0 risque d’attaque (quasiment). En ce qui concerne les accidents vous avez plus de chance d’en avoir en ville. Et si vous n’êtes pas convaincu, vous savez quoi, sortez de votre zone de confort et relevez de nouveaux défis. Pensez à tous ces gens qui voyagent tous les jours et qui n’ont jamais eu de problèmes.

On ne vit qu’une fois, sortez de votre zone de confort, prenez des risques, vivez pleinement, économisez et voyager car vous le valez bien. Vivez librement

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