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L’âme d’une rêveuse

Bonne journée de paix

Pour beaucoup, le nouvel an est une période de remise en question importante. C’est un marqueur temporel qui permet de faire une pause et de réfléchir à l’année écoulée. Certaines personnes remettent en question les choix qu’elles ont faits, ce qu’elles auraient pu mieux faire et font des promesses se font des promesses et au monde pour l’année à venir. C’est également le moment où les résolutions du nouvel an fleurissent partout sur internet.

Pour ma part, j’effectue cet exercice à chaque anniversaire. Après tout, j’aurai vu la planète faire un tour complet autour du soleil tous les 15 mars. Alors quoi de mieux que d’y questionner ma vie et d’y faire des remises en question profondes ? Mais voilà, depuis mes 18 ans, j’ai l’impression de ne rien faire de ma vie. Cette sensation horrible de stagner et de recommencer sans cesse. Ces sentiments s’intensifient en cette période de l’année. Au fil du temps, les fêtes d’anniversaire sont devenues des moments d’angoisse très difficiles à vivre. Elles me rappellent à quel point je suis loin de mon idéal.

18 ans, cher âge adulte

Comme je le mentionne dans cet épisode de podcast , le premier anniversaire où j’ai stressé pendant des jours entiers était mes 18 ans. Avoir 18 ans signifiait que j’étais désormais adulte et responsable de mes actes devant la loi, Dieu et les hommes. J’encourais désormais de lourdes peines de prison an cas de faute et il n’y avait aucune circonstance atténuante pour m’en sortir. Passer de l’enfance à l’âge adulte en une journée était quelque chose de terrifiant. J’ai beaucoup pleuré en cachette (oui, je vous ai déjà dit que j’étais une grande pleureuse). Cette année-là, mes proches m’avaient organisé une fête d’anniversaire et je me demande aujourd’hui s’ils avaient remarqué mon désarroi parce qu’il était immense.

Moi 23 ans

Avoir 23 ans a sûrement été la période la plus difficile de ma vie. Avec le recul, je me rends compte que cette étape a été si mal vécue parce que j’essayais inconsciemment de suivre le même parcours que ma mère. À 23 ans, ma mère était étudiante, avait un commerce, était mariée et venait juste de me mettre au monde. Je ne connais pas les détails de sa vie à cette époque ni si elle était vraiment heureuse, mais pour moi, réussir signifiait faire mieux qu’elle. Cela impliquait d’avoir une relation, d’avoir un enfant, d’être ingénieure pour être financièrement indépendante et, accessoirement, d’avoir une belle voiture. J’avais investi beaucoup d’énergie et de détermination pour atteindre cet idéal, mais le destin en a décidé autrement. Mais voilà, 23 ans frappait à ma porte et je venais de rompre avec celui que je pensais être l’homme de ma vie. J’étais au chômage depuis plusieurs mois et je n’avais pas un sou en poche. J’errais dans les rues de Pointe Noire sans pouvoir imaginer un avenir quelconque. J’étais constamment en proie à un sentiment de culpabilité d’avoir été le plus mauvais investissement de mes parents. Je devais assurer la relève, prendre soin d’eux et leur rendre ce qu’ils avaient fait pour moi. Au lieu de cela, ils devaient continuer à me nourrir, sinon j’allais mourir de faim.

Je me souviens encore de cette conversation avec mon père où je le suppliais de me pardonner (vous pouvez la retrouver dans cet épisode où je raconte mon expérience du chômage ici ). Nous parlions du fait qu’un homme m’avait proposé un stage en échange de relations sexuelles. Durant cette conversation douloureuse, je le suppliais de me pardonner d’être le plus gros échec de sa vie. Il m’a regardé pendant un long moment, ému, dans le silence de notre salon. Il m’a dit l’une des plus belles choses que j’ai entendues de sa part. En résumé, il m’a avoué qu’il avait commis énormément d’erreurs dans sa vie, mais la plus grande de ses réussites était ses filles. Il ne voulait plus entendre de telles horreurs de ma part. Dans la vie, certaines choses relèvent de notre responsabilité, et d’autres ne dépendent pas de nous. J’avais fait ma part en obtenant mon diplôme, et je n’étais en aucun cas responsable si notre pays était à la dérive.

Mon cœur s’est brisé lorsque ma sœur a pris ses économies d’étudiante et m’a envoyé 100 000 FCFA pour que je puisse m’amuser. Elle avait surement perçu ma détresse et voulait m’aider, mais je l’ai vécu comme la preuve ultime de mon incompétence. Dans mon idéal, à cet âge, je l’aurais emmenée faire la fête dans un autre pays, mais on ne peut pas toujours obtenir ce que l’on veut dans la vie. Bref, cette période difficile a duré plusieurs mois.

COVID 26

Je ne sais plus à quel confinement nous étions mais il y avait une interdiction de sortir quand j’ai eu 26 ans. Je tournais en rond dans mon appartement marseillais et j’étais malade de cette situation. Au confinement s’ajoutais une montagne de problème. Je savais que mes proches avaient organisé une fête d’anniversaire surprise en ligne mais je faisais semblant de ne pas être au courant. (Ps : ne jamais faire d’anniversaire surprise en collaboration avec ma sœur mdr) Je voulais juste être seule dans le noir pour déprimer en paix. Ce que j’appréhendais par-dessus tout, c’était qu’ils puissent percevoir mon mal-être pendant cet appel vidéo.

Je ne sais pas si c’est une qualité ou un défaut (le peuple a dit que c’était un défaut), mais j’ai besoin de vivre mes douleurs et mes malheurs seule. J’aime trop mes proches pour leur infliger de me porter à bout de bras alors que la vie est déjà assez difficile. Aimer quelqu’un, c’est prendre en compte son bonheur dans nos choix. Donc vivre seule mes souffrances, c’est ma preuve d’amour car je les préserve. Néné m’a dit que c’était de l’égoïsme, mais c’est un débat pour un autre jour. Je m’applique pour ne partager que le meilleur de moi jusqu’à récemment. Mes proches sont des belles âmes qui méritent que je leur offre ce qu’il y a de mieux.

Pour en revenir à ce 15 là, durant cet appel, j’ai dû déployer des efforts surhumains pour faire bonne figure, mais j’ai craqué vers la fin. Après cet appel la chambre s’est transformé en veillée mortuaire L’école était très difficile et le confinement me bouffait littéralement. J’étais au bord du gouffre. Leur appel m’a rappelé Cette journée m’a rappelé violemment ma situation. Les jours suivants ont été terribles mentalement

Nowadayzzz

–       Juillet 2022

Juillet 2022, il s’est passé un événement qui m’a chamboulé. J’étais fatiguée émotionnellement, physiquement et tout ce qui se termine par « ment ».

L’oasis que j’avais découvert depuis quelques mois s’est asséchée brutalement en une semaine. Je n’étais clairement pas équipée pour une nouvelle traversée du désert, mais la vie ne m’en laissait pas le choix. (Je ne parle pas de garçon on se connait). Je me rappelle avoir vu sur les statuts WhatsApp d’une personne une chanson de Maverick partagée. Je suis allée écouter cette chanson sur YouTube et j’ai ressenti une grande forme d’apaisement. En l’espace de dix minutes, mes craintes avaient disparu. Dans la section des commentaires, il y avait une multitude de personnes qui racontaient ce par quoi elles passaient. D’autres exprimaient leurs souhaits et juraient de revenir dans cette même section de commentaires quand leurs prières seraient exaucées. Je me suis prêtée à l’exercice et j’y ai laissé une prière. d’ailleurs je dois aller faire mon update. J’ai écouté cette chanson toute la nuit et vers 2 heures du matin, j’ai prié. Tous ceux qui me connaissent vous diront sûrement que je suis une personne peu croyante. Je suis très critique sur plusieurs aspects de la religion.

En gros, ma prière a été la suivante :

« Cher Dieu

Je sais que je suis parmi tes enfants les moins adorables

ET vraiment si tu ne veux pas m’écouter tu as totalement raison. Je ne demande ni santé ni argent ou quoi que ce soit d’autre. Je veux juste la paix.

  • 27 Decembre 2022

J’étais au bord de l’épuisement professionnel. J’avais atteint le niveau de fatigue où, en rentrant chez moi, je ne pouvais rien faire. Il y a eu des soirs où j’étais tellement fatiguée que je ne pouvais même pas me lever. Le premier gros coup de fatigue qui m’a alertée sur mon état de santé était en début décembre. J’étais dans mon lit et j’ai essayé de toutes mes forces de me lever pour prendre un verre d’eau, mais je n’ai pas pu. Je n’avais tout simplement pas la force. Je me suis demandé pourquoi je m’infligeais tout cela. Quel était le sens de la vie, Quelle était la vraie valeur de tout ceci…

La fête de Noël, je l’ai passée sur le canapé de ma sœur. Nous avons discuté de mon état et j’ai réalisé pour la première fois combien tout le monde s’inquiétait de ma santé. Au-delà de l’excès de travail et d’autres bobos plus ou moins grave, je faisais de l’anémie. Il y avait eu des réunions d’urgence mon insu dont j’étais le sujet central. Deux jours après, je m’écroulais dans la salle de bain. Pendant près de deux heures, je n’arrivais pas à bouger. Je me suis demandé si l’heure de ma mort était arrivée (oui, je suis une drama queen). Si je mourais, après combien de temps l’on découvrirait mon corps ? Comment ma mère vivrait son deuil ? Est-ce que ma sœur ressentirait de la culpabilité que je sois morte deux jours après notre discussion ? Qu’est-ce que l’on devient après le passage de l’autre côté ? Avais-je bien fait comprendre à mes proches que je les aimais ? Est-ce que B le savait ? Dans ce silence d’hiver, je me suis dite que si ma vie devait être prolongée, je ferai mieux les chose. Je tacherai de vivre pleinement chaque étape et me recentrer sur ceux qui comptent vraiment. En retour je demande à l’univers ou peu importe quelle force ce sera de me donner la paix.

  • 13 Mars

Nous sommes à deux jours de mon anniversaire, et je suis la plus heureuse des femmes. Généralement, ma phase de déprime profonde commence un mois avant mon anniversaire, mais depuis février, je ressens une paix profonde dont je n’arrive pas à m’expliquer. Il y a deux semaines, les vieux démons ont refait leur apparition, et j’ai raconté à ma sœur ce sentiment de faire du surplace qui veut déjà obscurcir ma lumière. Elle m’a grondée et énuméré tout ce que j’avais fait en une année. Ce qui a été saisissant, c’est que je ne prends en compte que les accomplissements matériels. Par exemple, je comptabiliserais avoir un travail mieux rémunéré dans ma liste de réussite. Par contre, le fait que j’arrive maintenant à dire non aux gens et de les envoyer bouler n’aura aucune importance à mes yeux. Pourtant, cette année, ça a été sûrement l’une de mes plus belles victoires. C’est agréable d’avoir une humaine à côté pour me rappeler ce que je ne vois pas.

Hier encore, j’ai pleuré pendant une heure parce que j’avais enfin eu ce que j’espérais depuis 6 mois, mais je n’étais pas complètement satisfaite. J’esseyais de retenir mes larmes devant ma M mais elle m’a demandé d’aller au bout de mes émotions, et qu’est-ce que ça m’a fait un bien fou. 3 heures plus tard j’étais au restaurant avec Landry, nous avions regardé en arrière et nous avions perçu combien nous avions avancer. Il est devenu un homme avec beaucoup de poigne et moi j’ai les zié clair. Nous avions regarder vers l’avenir et il y avait une fenêtre de possibilité incommensurable. Il m’a parlé du tapis rouge de choix intéressants que je n’avais même pas envisagé. La nuit, je dansais dans une cuisine avec 3 personnes que je n’avais jamais vues, et nous mangions du thieb.

Et si c’était ça la paix ? Vivre pleinement des émotions humaines que l’on repoussent souvent comme la tristesse et la déception. Avoir des conversations profondes avec des inconnus comme si l’on se connaissait depuis toujours. Danser sur du dj Arafat et déranger tous les voisins… Mon bonheur et ma paix ne sont-ils pas là ?

Ce soir, j’écris tout ceci avec un sourire aux lèvres et plein d’émotion. Il m’a fallu près de 10 ans pour avoir une véritable envie de sortir danser et me célébrer. Il m’a fallu près de 3 650 jours pour apprécier mon parcours de vie, malgré ses imperfections, et mes constantes remises en question. Vieillir est une bénédiction et je suis heureuse de l’avoir reçue.

Je suis toujours en proie à des doutes, mais la vie est un acte de foi. Les choses se passeront surement de travers mais vivre c’est accepté toutes ces phases et avoir foi que quelque part sur le chemin qui est notre belle surprise nous attend. J’ai promis à Nini que je sortirais et mettrais ma robe avec un maxi décolleté dans les bars de paris en plein hiver. Je prendrais des photos pour chérir cet instant et je compte bien réalisé cette promesse. Parce que oui je suis une badass qui doit se célébrer avec un cœur plein d’amour et de paix.

Je ne sais pas si ce billet sera publié ou s’il rejoindra ma longue pile de textes personnels non publiés, mais si vous avez la chance de le lire, ne me souhaitez pas un joyeux anniversaire. Souhaitez-moi la paix. Je l’ai trouvée et je veux qu’elle reste à mes côtés ou qu’elle revienne plus souvent si elle venait à partir.

Happy peace day Exaucée

OUI JE LE VEUX

Je suis une jeune femme congolaise qui a vécu dans une société où les parents ne nous parlaient pas des rapports hommes- femmes. Étant l’aînée je n’avais pas non plus de grande sœur pour m’aiguiller sur ces thématiques. Quand j’avais des interrogations je devais les enfuir au fond de moi ou aller en parler à mes copines plus expérimentées. Poser la question dans la sphère familiale c’était recevoir des blâmes dans le meilleur des cas, si non une terrible punition bien piquante. Alors l’instruction sentimentale a été construite au travers des films et des conversations entre amis. Je rêvais d’histoires de cœur à la Disney princesse ou calquer sur les scénarios des films romantiques que je consommais.

Les romances obéissent généralement au même schéma. Deux protagonistes se rencontrent, c’est l’amour au premier regard. Ils vivent quelques turbulences qui les éloignent l’un de l’autre puis finissent par se retrouver et échanger un très beau baiser. Les scènes qui m’intéressent aujourd’hui dans le cinéma, ce sont les scènes du baiser. Dans la majorité des scénarios, ça se passe de façon instinctive. L’acteur principal se rapproche de sa partenaire, la serre très fort et puis les deux se lancent dans l’acte. C’est donc ça qui a représenté la normalité à mes yeux durant de nombreuses années. Mon âme d’enfant voulait absolument la même chose. 

Des années plus tard, la vie m’a confronté à un autre schéma que je n’avais jamais connu auparavant. Il y avait ce jeune homme qui me faisait ressentir des papillons dans le ventre depuis un moment. Je pensais littéralement à lui plus souvent que de manger. Il était mon rêve éveillé et la lumière qui illuminait mes journées. Un soir, il m’avait invité chez des amis pour une fête d’anniversaire. Pendant que la soirée battait son plein, à un moment donné nous nous sommes éclipsés. Nous étions assis devant le portail de son ami l’un à côté de l’autre admirant des passants quand il m’a posé la fatidique question. Est ce qu’il pouvait m’embrasser ? Mon cerveau a eu un bug durant quelques secondes avant que je ne réponde un « NON » sec. L’atmosphère est devenue froide tout d’un coup et j’ai fini par lui demander de me raccompagner chez moi. J’étais en colère qu’il ait osé poser la question. Il devait simplement le faire. Bien que j’attendais ce petit bisou depuis des mois j’avais dit non parce qu’à mes yeux ce n’était pas normal de demander. C’est quelque chose qu’on devait simplement faire c’est tout. Par sa demande il avait gâché ce moment que je voulais romantique. Me poser la question c’était briser tout ce qu’il y avait de beau dans l’acte. Je rêvais qu’on m’attrape par la taille avec fougue comme je l’ai toujours vu dans les films, pas une demande aussi insipide et ringarde.

Comme tout ado qui se respecte, j’en ai parlé le jour suivant à l’une de mes meilleures amies de l’époque. Elle m’a dit que ce mec était bizarre et c’était un Pecks – dans le jargon congolais ça signifie un homme mou ou pas courageux -. Je ne voulais pas être la jeune fille qui fréquentait un mouilleur. Je voulais un vrai gars, pas un qui ne pouvait même pas me faire un bisou sans me demander. Quel affront de demander ce genre de chose à une femme ? Ne voyait-il pas les films ? Ne discutait-il pas avec ses amis ? Pourquoi avait-il ressenti le besoin de faire ça ? 

Je raconte cette histoire aujourd’hui parce que je réalise que pendant une bonne partie de ma vie on ne m’avait pas enseigné le consentement dans une relation de couple. Que ce soit dans les films, par mes amies ou encore dans le cercle familial. Je ne critique pas mon éducation. On m’a transmis ce que l’on jugeait important et je suis reconnaissante pour ça. Malheureusement le consentement ne faisait pas partie de cet héritage. A l’époque j’en ai voulu à ce jeune et je l’ai calomnié. Pourtant il avait l’attitude la plus responsable qu’une personne de son âge pouvait avoir, demander à une femme s’il a le droit de faire quoi que ce soit sur son corps. Ça peut paraître dérisoire, mais ce soir-là il m’avait montré que ce n’était pas que de son envie dont il était question mais mes besoins étaient tout aussi importants. Avec le recul, je pense que l’on m’avait dit ou montré que c’était bien plus sexy de demander que d’attirer quelqu’un de force vers soi pour l’embrasser quelque soit le canal, j’aurais sûrement vu les choses différemment. Demander l’autorisation avant de toucher quelqu’un devrait être vendu comme ce qu’il y a de plus sexy au monde. Que ce soit dans les films, les discussions familiales ou amicales. Une narration différente aurait configuré mon mental différemment.

Aujourd’hui, à l’ère post #metoo, le consentement occupe une place importante dans les discussions mondiales. On parle beaucoup de s’assurer que notre partenaire est d’accord pendant toute les phases de la relation sexuelle. Mais questionnons nous assez les autres aspects de la vie sentimentale ? Avant d’en arriver au sexe, il y a plusieurs phases qui impliquent la participation des deux protagonistes. Est ce que nous demandons à notre partenaire si l’on a le droit de faire x ou y chose sur son corps ? Que ce soit une caresse, se prendre la main et toutes ces choses qu’on juge normales. Certains diront que la communication non verbale existe et elle compte tout autant dans les relations de couple. Et je vous le concède ! mais ne faut-il pas verbaliser nos actions, nos choix, nos envies pour être sûr que nous sommes bien sur la même longueur d’ondes avec notre partenaire ? N’est il pas mieux de s’assurer que certaines mimiques sont en accord avec la signification que nous leur prêtons ? 

Je conclurais en vous posant la question qui me taraude l’esprit depuis mon réveil. Avez-vous déjà demandé la permission à votre partenaire si vous pouviez l’embrasser ?

 

Exaucée

GUIDE DE SURVIE D’UNE IMMIGREE : PART 1 (choix d’une école)

Il y a deux ans j’avais entamé un changement de vie. J’étais arrivée à un point où j’avais besoin d’une réelle évolution sur tous les plans de ma vie. Que ce soit sur le plan personnel ou professionnel. Je voulais de nouveaux challenges dans mon travail parce que le sentiment de lassitude s’était installé. Il me fallait gagner plus d’argent (je n’avais pas bien évalué ce point) et plus important encore je n’en pouvais plus de vivre au Congo. Ce pays que j’aimais tant n’avait plus grand chose à m’offrir pour les prochaines années (c’est un avis PERSONNEL). Alors j’ai décidé de partir loin de ma terre natale. J’ai économisé durant des mois, et avec l’aide de ma famille j’ai pu réunir les fonds nécessaires pour mettre les voiles.

Aujourd’hui j’aimerais revenir sur certains points que j’aurais aimé savoir avant de m’engager sur cette voie.

Ce premier article d’une longue série j’espère aborderont les difficultés de l’immigration selon ma vision des choses.

Disclaimer : J’ai immigré en France alors je ne parlerai que de ce qui concerne ce pays. Aussi tout ce qui sera dit par la suite est inspiré de mon expérience personnel.

Rentrons dans le vif du sujet !

Le choix du cœur n’est toujours pas la bonne.

Suivant les pays, certains métiers sont plus plébiscités que d’autres. Au Congo par exemple, les métiers administratifs ont encore le vent en poupe, ce qui ne sera pas forcément le cas en Chine, en Uruguay et bien sûr en France. Ne pas avoir fait la totalité de ses études universitaires en France peut représenter un handicap. Notre parcours sera moins valorisé que celui d’une personne qui a fait tout son cursus scolaire en hexagone. Aussi on sera en compétition directe avec les natifs. Alors il en va de notre survie de choisir des métiers cibles qui sont recherchées. Si vous aviez une passion qui ne suit pas les codes du marché de l’emploi, il faudrait peut-être réévaluer votre choix. Tu Oui la passion est importante, mais c’est l’argent qui remplit le frigo et paye le loyer 😊.

Le nom de ton école compte !

Comme dit précédemment, tout ce que je voulais c’était de travailler ailleurs et expérimenter une nouvelle vie. Je recherchais une école qui m’accepterait assez facilement et qui me permettrait d’accéder au monde de l’emploi sans faire de longues années d’études ou recommencer à zéro. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai choisi une spécialisation qui durait un an et qui n’invaliderait pas mon diplôme d’ingénieur obtenu précédemment. Grâce à mes amis je savais exactement où postuler pour y arriver. J’aurais pu avoir une université avec une meilleure renommée, du moins j’aurais dû tenter. Mais je me suis contentée de la solution de facilité. Malheureusement le nom sur ton diplôme déterminera ton salaire 🥲. Une personne qui a par exemple fait diplôme d’ingénieur est mieux payer que celui qui sort d’une fac. Bien sûr que c’est important de faire des choix dont l’issue nous sera favorable mais il est tout aussi important d’oser.

La vie c’est les gigas !

Un peu d’humour… nous sommes dans un monde capitaliste et tout tourne autour de l’argent. Si vous n’avez pas d’appuis financiers solides ou des personnes qui vous aideront en cas de pépin, préparez vous correctement. Aller ailleurs en essayant de vivre décemment coûte beaucoup d’argent. Et sur cette voie il y aura beaucoup d’imprévus. Sachez également que le dicton « quand il y a pour un, il y a pour plusieurs » s’arrête dans les frontières africaines. Généralement c’est le chacun pour soi qui s’applique ici en Europe. Au risque d’avoir une violente désillusion et flirter avec la précarité, préparez le djaï -argent en nouchi-

S’entourer et communiquer 

Les procédures administratives sont un enfer en France. De mon côté je n’ai pas connu trop de difficultés parce que je m’y étais prise tôt pour plusieurs choses. Par exemple, ma sœur m’avait dressée un guide expliquant point par point ce que je devais faire (merci la go tu as sauvé la vie de quelqu’un). Mes amis sont passés par mon école et ont vécu dans ma ville. Ils m’ont listé les bons plans en matière de logement et de nourriture. J’avais aussi tout un dossier sur le drive contenant des cours, les anciens examens, les fiches de lectures, et des astuces. J’avais également un dossier drive contenant les noms des entreprises de mon domaine où postuler très tôt pour avoir accès aux stage.

Malgré tout ce n’était pas suffisant, se lier d’amitié avec des personnes venant d’horizons différents m’a offert d’autres facilités. 🙂.

En outre, avoir un support système efficace te permettra d’avancer durant les coups durs.

L’école est dure et ce pays est le caillou !

Je me lâche sur tous types d’expressions no sens je sais. Pour ceux qui comme moi veulent reprendre des études, soyez indulgent avec vous même. Les débuts seront difficiles, très difficiles. Plusieurs fois, je me suis vraiment demandée ce que je foutais ici. J’étais bien financièrement, j’avais ma petite vie et l’univers commençait à être clément avec moi après des années de galère. Pourquoi se torturer à repartir de 0?? Pour la première fois de ma vie j’ai vraiment dû travailler, beaucoup travailler pour avoir de bonnes notes. Ce que j’ai retenu de ces moments c’est que nos capacités ne se mesurent pas aux notes que l’on aura car nous avons déjà fait nos preuves dans la vie. La reprise vous donnera quelques violents coups à encaisser et la France aussi. Le mode de fonctionnement est différent donc il vous faut un temps d’adaptation. Si vous êtes une grande pleureuse comme moi, préparez déjà vos larmes. Mais ne baissez jamais les bras! Comme on dit « cabri mort est ce qu’il peut mourir encore ? »

Je terminerai par ce conseil de ma sœur « tu changes de vie soit clémente avec toi même ».

J’espère que tout ceci vous aidera et que vous ferez mieux que moi 😊. Bonne chance et surtout n’oubliez pas de vivre librement.

Enterrement pour les vivants

Mon collègue disait que sa première épouse décédée en couche représentait l’amour d’une vie et ce qui lui était arrivé de mieux. Elle avait participé à construire l’homme qu’il était brique par brique. Le jour de l’accouchement de leur troisième enfant à l’hôpital militaire de Pointe noire, elle avait eu une hémorragie et on avait pu sauver ni la mère ni l’enfant. 

Ce récit débuté quand j’ai parlé de ma vision du deuil et de l’enterrement au Congo. En effet, si vous êtes un brazzavillois digne de ce nom vous êtes déjà allés à une activité. On ne parle pas d’occupation, de rencontre ou de quelque chose de cet ordre-là, On parle bien d’enterrement. Généralement après la mise en terre du défunt les personnes présentes se réunissent autour d’une bière. Au-delà de rendre hommage à l’illustre disparu, c’est une occasion de discuter ou rire autour d’une table, revoir des personnes qu’on avait perdu de vue, ou simplement se distraire et sortir de son quotidien. Mais dans le processus d’enterrement ça ne s’arrête pas là, il y a des coûts exhorbitants liés à mise en terre et à la période de deuil qui est déjà trop longue (on peut compter entre une semaine à parfois un mois).

Un jour, Madame A m’a dit que pour un cercueil potable il fallait au moins 300 mille franc CFA, il y a aussi la tenue que la dépouille devrait portée,  la location des chaises, des chapiteaux,… on arrive très facilement à 1.000.000 si non plus. Pourquoi dépenser autant pour un être qui ne reviendra jamais ? Il y a quelque chose de malsain dans cette pratique à mon avis.

C’était la question que j’avais posé ce matin là au travail. Il m’avait répondu qu’il n’avait jamais acheté une robe de soirée à sa défunte campagne pendant tout le temps qu’a duré leur histoire… apres avoir fait des cotisations pour les dépenses, la famille avait fixé un budget pour la tenue de sa défunte femme. Mais il tenait à le faire tout seul, sa femme méritait bien plus qu’il ne l’avait offert de son vivant. Pour sa dernière demeure il voulait lui offrir une belle robe. Ca serait son dernier cadeau, la tenue avait coûté 500k et c’était tout ce qu’il avait comme économie à ce moment-là de sa vie. Son lendemain et celui des deux enfants qui lui restaient ne figurait pas parmi ses préoccupations. Cette femme vivante ou morte méritait tout.

En rentrant je voulais savoir un peu plus sur les dépenses liés au décès d’un de mes cousins. Madame A avait évalué les dépenses sommaires à environ 2 millions. Choquée j’ai demandé pourquoi, elle m’a dit que son neveu n’était pas n’importe qui et qu’il le méritait. Aussi il ne fallait pas que les gens soient médisants sur sa famille, elle avait terminé par « l’enterrement ce n’est pas pour ceux partent mais ceux qui restent ».

Avec madame A on parle souvent de la mort et du deuil, on sait tous que ça arrivera un jour ou l’autre même si on souhaite que l’échéance soit la plus retardée possible. C’est important pour moi que les derniers hommages rendus soient comme elle le souhaiterait. Elle m’a dit ce que je devrais faire en premier, ce qu’il fallait accepter ou pas de la part de sa famille. Madame veut qu’il y ait des danses traditionnelles, son cercueil ne devra pas être fabriquer avec n’importe quel bois, c’est la seule personne que je connaisse qui se soucie du matériau auquel sera fait son cercueil…, le plus important dans tout ça, elle doit reposer près de ses enfants, si c’est en Afghanistan ainsi soit-il. Par contre elle ne veut jamais qu’on parle de mes obsèques, elle ne veut pas le vivre donc elle en a rien à cirer de comment est-ce que ça peut se passer.

L’endroit sur cette terre qui me donne un sentiment profond de paix c’est la plage. À ma mort, idéalement je veux qu’on fasse des dons d’organes s’ils sont récupérables, le reste de mon corps va être incinérer et les cendres jetés au bord de la plage derrière la maison ou j’ai grandi. Je ne veux pas de période de deuil, au pire une journée. C’est une perte inutile d’argent. Le soir ou je lui ai parlé de mes projets, le choc était palpable sur son visage. Elle m’a dit non seulement je voulais lui faire subir la perte d’un enfant mais il fallait aussi qu’elle brule son corps, ce qui lui vaudra surement d’être accusée de sorcellerie et etre tenue pour responsable du décès. Mais pour finir tout ce qui lui resterait de la personne qu’elle aime profondément elle devra le donner à bouffer aux poissons. En colère elle m’a dit « sache qu’après ta mort tout ce qui s’en suivra ne t’appartient pas, mais plutôt à tes proches ».

Je finirai par dire que les raisons des dépenses exorbitants sont variées, parfois c’est juste une question d’égo, rendre hommage une dernière fois à l’être aimé, notre façon à nous de surmonter le décès, ou simplement une histoire culturelle. Je trouve toujours cette pratique malsaine et sans importance mais ce qu’il faut retenir c’est « l’enterrement ce n’est pas pour ceux partent mais ceux qui restent ».

moi Sylvia, biologiste, biochimiste etc…

Sur les réseaux sociaux cette semaine, notamment twitter on a rendu hommage aux femmes évoluant dans le domaine des STEM science, technology engineering and mathematics (science, technologie, ingénierie et mathematiques). A cette occasion, Sylvia une jeune femme biologiste et une des personnes à la tête du projet Ebalé a voulu répondre à mes questions.

Qui est sylvia ?

Je suis une jeune femme congolaise qui aime apprendre. Je me définis comme quelqu’un de curieux qui essaie d’en savoir toujours un peu plus chaque jour. C’est dans cet esprit que je poursuis un doctorat en biologie du développement. J’étudie les mécanismes d’entrée en mitose ou plus simplement comment une cellule arrive à se diviser pour générer deux cellules identiques.

Comment s’est passé ta rencontre avec la science

Je suis quelqu’un de naturellement curieux et logique. Enfant j’étais fascinée par le corps humain et les maladies en conséquent je voulais être médecin. C’est en réalisant enfin des travaux pratiques au lycée que je me suis rendue compte que soigner les maladies c’était bien mais je voulais comprendre comment on tombait malade. C’est ainsi que mon amour et ma fascination pour la biologie s’est transformé en passion pour la recherche biologique.

Je suis fascinée par la complexité mais aussi la simplicité du corps humain et des mécanismes qui y prennent place. En vrai je suis biochimiste et biologiste moléculaire, mon gros kiff ce sont les protéines.

Au lycée j’ai appris que comprendre ce qui se passait avec l’ADN et donc parfois les protéines pouvait expliquer plusieurs maladies.

Depuis je suis devenue biologiste, je passe mon temps entre la paillasse, mon ordi et beaucoup de lecture à essayer de répondre à une question précise.

Comment définirais-tu ton parcours en quelques mots

Imprévisible, fun et bienveillant !

Imprévisible parce que je me retrouve où je suis grâce à plusieurs évènements hors de ma portée. Au lycée, la directrice de mon établissement (Bambino à Brazzaville) m’a inscrite ainsi que cinq autres élèves à un concours avant d’en parler à nos parents. Du jour au lendemain je me retrouvais à étudier au Canada. 

La bourse qui m’envoyait au Canada me permettait de briguer une autre qui permets de compléter son bachelor dans une bonne université américaine.

De là j’ai atterri en France pour un master et de fil en aiguille dans le laboratoire où je poursuis mon doctorat aujourd’hui.

À une Sylvia qui a 17ans, tout ceci aurait été de la fiction.

Déjà faire de longues études n’est pas très bien vu par certains de nos parents : lorsque je dis à quel âge j’aurai arrêté d’étudier, tout le monde crie. J’ai été découragée par plusieurs membres de mon entourage qui auraient préféré que je trouve un vrai travail et me marie

Tu es une jeune femme africaine qui veut faire de longues études et de la recherche, comment le vis tu ?

Oui je suis une jeune femme qui fait de longues études.

Déjà faire de longues études n’est pas très bien vu par certains de nos parents : lorsque je dis à quel âge j’aurai arrêté d’étudier, tout le monde crie. J’ai été découragée par plusieurs membres de mon entourage qui auraient préféré que je trouve un vrai travail et me marie. 

Mais je ne peux pas trop me plaindre, j’ai beaucoup de chance d’avoir grandi avec un père qui m’a fait comprendre que ce que je voulais comptais plus que tout. En plus lui aussi avait complété un doctorat !

Durant ton parcours quels ont été les plus gros défis que tu as rencontrés ? 

Mon plus gros défi était de me sentir à ma place. Au lycée, je me sentais décalée en fonction de mes camarades de classes. Étudier à l’étranger et en anglais n’a pas arrangé les choses, ça me donnait l’impression que je n’étais pas où je devais être et donc que je ne méritais pas ce qui m’arrivait. C’est le fameux syndrome de l’imposteur !

Actuellement, je veux donner une voix à la femme noire que je suis et prendre de l’espace afin de défendre mes intérêts et ceux des autres.

Pendant les moments de doutes ou les phases ou tu perds la force de continuer ? quels sont tes moteurs

C’est cliché si je dis mon boss ? Lol. Ça arrive souvent, très souvent même que je doute de moi. Dans ces cas-là, je me pose et je revois tout ce que j’ai réalisé. Je revois chacune des difficultés rencontrées et les solutions trouvées. Je peux ainsi me rappeler que je suis forte, compétente et que je peux surmonter tout ce qui se présente à moi.

Pour revenir à mon boss, je suis bien entourée où je poursuis mon doctorat. Mon boss quand je doute me rappelle que je suis « brillante » et ça fait du bien. Avoir un bon entourage et de bons encadreurs change des vies.

On a fait la rencontre de Sylvia la biologiste mais quelles sont les autres facettes de toi ? quand tu sors de ton laboratoire qu’est-ce que tu fais ?

Quand je sors du labo, je fais plein de choses ! Tellement que je ne peux pas faire tour de ce que j’aime. Mon plus grand amour en dehors de la science c’est la nourriture. Je sors manger au resto et découvrir de nouvelles cuisines, j’ai un faible pour la nourriture chinoise et coréenne. Je cuisine aussi souvent, j’essaie de nouvelles recettes et utilise mes collègues comme cobayes.

Après je fais plein de choses en amateur : je crochète des écharpes, je couds à la machine, je fais du jardinage et un truc pas très connu, j’écris des poèmes.

As-tu des rêves que tu nourris ? 

Je rêve de continuer à apprendre et étudier longtemps lol. En vrai, j’aimerai voir plusieurs générations de jeunes femmes congolaises poursuivre des carrières en recherche scientifique. Ce n’est pas une carrière qui est valorisée parce que les débouchés au pays sont moindres. 

J’aimerais cependant que les jeunes femmes sachent que c’est une carrière accessible et qu’elles ont le pouvoir de faire bouger les choses.

Quels sont tes perceptives pour la suite

Dans le court terme, obtenir mon doctorat en 2022 si possible et continuer à travailler sur Ebalé. Ebalé est une structure que j’ai co-créé qui donne des travaux pratiques aux jeunes congolais leur permettant ainsi d’allier l’enseignement théorique à la pratique.

Retrouvez Sylvia Nkombo Nkoula sur Twitter et Facebook @sylviaNkombo

La Sangha et la Cuvette-Ouest, deux départements face à un désastre écologique

Réserve de faune de la Lékoli-Pandaka

Pendant le mois d’aout, dans le cadre de l’étude des roches magmatiques et métamorphiques de la partie nord massif du Chaillu, nous avons visité plusieurs localités dans le département de la Sangha et de la Cuvette-Ouest. Lors de cette expédition scientifique, nous sommes allés à la rencontre des populations et des autorités locales pour discuter des problèmes environnementaux et sociaux. Suite à ces discussions enrichissantes, j’ai décidé d’écrire cet article pour partager mon point de vue sur la situation actuelle dans cette région.

Les départements de la Sangha et de la Cuvette-Ouest sont situés au cœur de la forêt du bassin du Congo. Ils comprennent des milliers de kilomètres de forêts denses, de savanes, de marécages et abritent plusieurs aires protégées dont le parc national d’Odzala-Kokoua, la réserve de faune de la Lékoli-Pandaka, le sanctuaire de gorilles de Lossi et une partie du parc national Nouabalé-Ndoki. La faune de la zone est riche et variée néanmoins, plusieurs espèces, tels que le gorille des plaines de l’ouest, l’éléphant de forêt d’Afrique, le pangolin géant, le bongo… sont menacées. Grâce à la présence de nombreuses formations magmatiques et métamorphiques, ils possèdent de nombreux gisements de fer, de titanium, d’uranium, de quartz et de coltan.

Carte du réseau routier de la Sangha et de la Cuvette-Ouest avec en bleu les localités que nous avons visité

Zoulabouth

Au village de Zoulabouth à environ 68 Km de Ouesso, les autorités du village, à savoir le chef du village, son secrétaire, et le conseiller municipal nous ont fait visiter une carrière de gisement d’or exploitée par des entreprises chinoises (Maud Congo, Zingo Pétrole, Global négoce, Distribution terminale et Super Galerie Business). Lors de l’exploitation de la carrière, les entreprises avaient formellement interdit aux habitants de Zoulabouth de s’approcher de leurs zones d’activité, profitant ainsi pour raser plusieurs hectares de forêts, polluer des cours d’eau au mercure, créer des zones de forage dans lesquels stagnent des eaux usées. Les autorités locales se sont rendues compte du désastre écologique dans leur village après le départ des entreprises chinoises.

Les conséquences observées par ce désastre écologique sont :

  • La disparition des poissons dans les cours d’eau à cause de la pollution au mercure
  • La prolifération des moustiques à cause des eaux usées responsable du paludisme
  • Les éboulements et les glissements sont fréquents dans les zones aux alentours de la carrière
  • La rareté des animaux dans le foret et aux alentours du village due au rasage d’une grande superficie de foret, ce qui complique grandement la chasse
  • L’état d’urgence sanitaire et écologique du village

Les autorités de Zoulabouth ont alerté les autorités du département de la Sangha sur la situation au village et signifier du non-respect du code minier de la part des sociétés chinoises qui ont exploité de l’or dans leur village. Le code minier congolais stipule que les entreprises doivent réhabiliter leurs sites de production à la fin de leur activité d’exploitation, mais hélas ils n’ont reçu aucune réponse. Ils ont même fait part de leurs problèmes au ministère des mines et de la géologie ainsi qu’au ministere du tourisme et de l’environnement mais personne n’est venu faire un constat dans leur village. Les populations ont fini par se résigner, mais le 4 Aout 2020 la ministre du tourisme et de l’environnement madame Arlette Soudan-Nonault accompagnée de son équipe ont fait une descente dans le village et ont pu constater les dégâts de l’exploitation minière dans le village. Elle a promis une réhabilitation des sites détruits.

La carrière abandonnée de Zoulabouth à proximité d’un cours d’eau pollué

Biessi

Le village de Biessi se situe à environ 141 Km de Ouesso, nous avons fait la rencontre d’un garde forestier communément appelé écogarde habitant dans le village. Il nous a expliqué que son village et la grande majorité des villages du département de la Sangha souffrent du même désastre écologique que le village de Zoulabouth. Les entreprises chinoises arrivent, brandissent leurs permis d’exploitation et interdisent aux villageois l’accès à leurs zones d’activité. C’est à la fin des activités que les villageois constatent les dégâts. Ce schéma se perpétue continuellement depuis de nombreuses années sous l’œil du gouvernement congolais. La présence des eaux usées et la contamination des sources d’eau ont été la cause principale des maladies infantiles dans le village après de départ des sociétés chinoises, certains enfants y ont même perdu la vie. Les sources d’eau saines autour du village se faisant rare, les villageois sont désormais obligés de faire des kilomètres à pied tous les jours en forêt pour trouver des cours d’eau non contaminé et se ravitailler en eau potable.

À la fin de leurs séjours ils reçoivent une grosse enveloppe et repartent à Brazzaville. En somme, ils n’inspectent rien et on pourrait se questionner sur le contenu des rapports qu’ils remettent à leurs directions. 

Souanké

Souanké est un district du département de la Sangha et est situé à 277 Km de Ouesso. Durant notre passage, le gérant d’une auberge qui accueille beaucoup de délégations, nous a raconté que chaque année plusieurs agents d’inspection des activités minières venus de Brazzaville séjournent dans son auberge. Ils viennent pour l’inspection mais ils sont pris en charge par les entreprises minières de la région. Celles-ci payent leurs chambres à l’auberge, leurs fournissent de l’alcool, de la viande de brousse et des femmes. Ils passent leurs séjours dans la région à picoler, à manger, à faire la fête et du tourisme sexuel. Ces agents n’effectuent même pas des descentes sur les sites d’exploitation de ces entreprises. À la fin de leurs séjours ils reçoivent une grosse enveloppe et repartent à Brazzaville. En somme, ils n’inspectent rien et on pourrait se questionner sur le contenu des rapports qu’ils remettent à leurs directions. 

Oyabi

A Oyabi, un village à environ 60 Km de Kellé un district dans la Cuvette-Ouest les autorités du village avaient formellement interdit l’accès à leur village aux entreprises minières chinoises. Plusieurs entreprises chinoises sont venues dans le village avec des permis d’exploration mais ils ont catégoriquement refusé de les laisser travailler dans le village. Les villages de la Cuvette-Ouest subissant des désastres écologiques causés par des entreprises chinoises lors de l’exploitation des minerais. Ils ont décidé de protéger leur village par leurs propres moyens, quitte à aller à l’encontre des décisions gouvernementales, car celui-ci leur a délivré un permis d’exploitation. J’espère qu’ils tiendront leurs positions longtemps mais je crains que ses entreprises fassent intervenir la police ou l’armée afin de soumettre le village. Le village de Oyabi possède beaucoup de quartzites riches en fer, ce qui rend les enjeux économiques importants.

Ngoyeboma

Au village de Ngoyeboma à environ 63 Km de Kellé, nous avons fait la connaissance d’un orpailleur. L’orpaillage est une activité qui consiste à rechercher de l’or en utilisant des méthodes artisanales avec un orpailleur. Il nous a fait visiter son site de travail et il nous a expliqué que dans la région les activités d’orpaillage subissent beaucoup d’inspection et de contrôle de la part des agents des ministères des mines et de la géologie et ceux du ministère du tourisme et de l’environnement. Les agents n’hésitent pas à leur imposer des taxes ou à leur mettre des amendes à tout va. Beaucoup d’orpailleurs ont décidé d’abandonner leur métier vu la chute des cours des minerais et le nombre croissant de taxes qu’ils subissent quotidiennement. L’orpaillage n’est quasiment plus une activité rentable. Il trouve que le gouvernement s’acharne un peu trop sur eux tandis que les entreprises minières chinoises qui détruisent l’environnement à grande et petite échelle, ne respectant pas le code minier congolais ne sont jamais inquiétées. Le gouvernement est faible contre les forts et fort contre les faibles. 

Site d’orpaillage de Ngoyeboma

Cette expédition scientifique au cœur de la Sangha et de la Cuvette-Ouest m’a ouvert les yeux sur les activités néfastes des entreprises minières chinoises dans notre pays. Nous qui vivons dans les grandes villes, sommes très souvent mal informés et déconnectés des réalités des habitants des villages. Les discussions sur l’écologie tournent souvent autour des problèmes dans les villes : pollution due à l’activité pétrolière à Pointe-Noire, pollution plastique dans les villes, pollution de l’air dans les villes… tandis que la situation dans les villages est beaucoup plus préoccupante que la nôtre. Ce désastre écologique enfonce une partie de la population dans la précarité et est la cause de certains décès infantiles.

Legran J.E. Plavy Ntsiele

Master student in igneous petrology at Stellenbosch University, South Africa 

Lol

  •  Qu’est ce qui s’est passé ?
  •  Tout a commencé par un mot
  •  Lequel ?
  • Hello

Vous devez surement vous demandez comment ai-je fait pour me retrouver là, une jeune femme de 25 ans, sans histoire ; ayant grandi dans une famille chrétienne. Fille aînée d’un pasteur et d’une mère très pieuse, bien que celle-ci soit partie très tôt. Diplômée d’une grande école de commerce, comment je pouvais me retrouver là, assise dans cette pièce. Une salle lugubre et vide, très sombre, humide avec une table en bois où se trouvait une bougie en guise d’éclairage. Moi, pieds et poing liés, le tout attaché à une chaise par des cordes. Ces cordes qui tenaient mes poignets très fort, c’est l’un de ces jours où tu te dis que la mort ferait mieux de t’emporter tout de suite.

Tout a commencé ce soir du 4 août, le jour où le monde a cessé de tourner pour moi. Je n’ai jamais ressenti de douleur aussi forte de ma vie. Cette impression qu’on arrache votre cœur à coup de pioche. Il était là étendu à mes côtés, son corps était inerte et froid, encore plus froid que d’habitude. Je ne ressentais plus les battements de son cœur près de moi. Mon amour s’en était allé, il s’était faufilé dans ma chambre la nuit car il n’arrivait pas à fermer l’œil. Vous savez quand la fin est proche, votre âme le sent mais votre esprit n’arrive pas à admettre cette vérité. Cette nuit il m’avait dit, « Lechica, cette nuit c’est la dernière, j’ai très mal et j’espère que Lol te rendra très heureuse, sois heureuse s’il te plait ». À ces paroles, les larmes avaient jailli de mes yeux mais je lui demandai de dormir, car dans son sommeil il ne sentirait plus aucune douleur. Au réveil quand je le touchai j’avais tout de suite su qu’il n’était plus là. Le jour où j’avais appris qu’il avait ce cancer des os je pensais que mon monde s’était arrêté mais la vérité est que mon cœur a arrêté de battre ce 4 août à l’unisson avec celui de Kabi. Après avoir réalisé que mon frère était parti, je criai de toutes mes forces, entre mes larmes et ma profonde détresse, mon père rentra et s’occupa de sa dépouille, C’était nos adieux. Lol fit son entrée dans la pièce et me dit « Hello »

– Qui est Lol ?

Après la découverte de son cancer il y a 2 ans, Kabi décida qu’il devait avoir quelqu’un ou plutôt quelque chose qui veillerait sur moi quand il ne serait plus présent. Je pense que c’est le plus grand cerveau que cette planète ait connu, le cerveau du créateur. Il travaillait dans la cabane en bois derrière la maison tout au fond de la cour. C’était son projet secret et personne n’avait le droit de rentrer dans son « laboratoire » sans son autorisation. Entre la chimiothérapie et des heures de repos que je lui imposais, c’était là-bas qu’il passait le plus clair de son temps. Après des mois et des mois d’attente, j’eus enfin le droit de découvrir son projet. Ce jour-là, Il pleuvait depuis près de 3 heures, et Kabi m’invita dans la cabane pour pouvoir enfin découvrir son grand projet.

  •  Lechica ferme bien tes yeux et surtout ne triche pas
  •  D’accord mais l’attente devient insupportable.

Après quelques minutes d’attente, je pouvais enfin découvrir cette réalisation. Dans tout ce désordre, il y avait un petit seau qui contenait une matière organique blanche dont la composition ressemblait à celle du mercure. En face de moi il y avait ce jeune garçon souriant et fier de ce qu’il avait créé

  •  Qu’est-ce que c’est ? dis-moi, ce liquide sert à quoi ?
  • Ce que tu vois n’est pas un liquide en réalité mais un ensemble de micro robots équipés d’intelligence artificielle
  • Et il sert à quoi ? Et c’est quoi l’intelligence artificielle ?
  • C’est un programme qui fait de l’apprentissage par lui-même et de la prédiction. Ça veut direqu’il sait ce qu’il dira et apprend à savoir ce qu’il dira. Le test de turing est une proposition de test d’intelligence fondée sur la faculté d’une machine à imiter la conversation humaine et jusqu’alors aucune intelligence a réussi à passer le test. Enfin jusqu’à ce que Lol explose les records. Et ce qui est génial c’est que Lol peut prendre la forme humaine et toutes les formes qui lui plaisent
  • Whaouhh c’est impressionnant petit monstre. Mais pourquoi tu l’as appelé Lol
  • C’est pour toi Lechi, je veux que tu sois heureuse et Lol veillera sur toi, il te rendra le sourire quand tu en auras besoin et veillera à ce que jamais personne ne te le reprenne quand je ne serai plus là. Je ne supporte plus la douleur, les injections et virées nocturnes à l’hôpital, je sais que la fin est proche Lechi, je veux juste partir, et j’aurai le cœur léger si je sais qu’on veille sur toi. Bientôt j’aurai terminé et il pourra faire des interactions.

En ces mots je ne pus m’empêcher de pleurer et je le pris dans mes bras

– Cela n’explique toujours pas pourquoi tu es dans cette chaise. Tu sais bien pourquoi tu es là, tu le sais bien, alors parle avant que je ne perde patience

Après l’enterrement, la vie reprit peu à peu son cours. Il y avait des jours où je n’avais le courage de sortir de mon lit. J’avais quitté mon travail depuis deux ans et je me consacrais entièrement à la vie de Kabi, je veillais à ce qu’il aille bien et ne manque de rien, mais son absence m’avait conduit au fond du trou. Lol était présent, il prenait souvent l’apparence d’un petit garçon et s’occupait de la maison, de papa et moi. Mon père lui n’avait trouvé que l’alcool pour soigner ses peines. Mais que pouvais-je bien faire ? je cherchais encore une raison pour me pousser à me lever chaque matin. Lol ne pouvait remplacer celui que j’avais perdu mais il était présent. Plus les jours passaient, plus j’en arrivais à oublier que ce n’était qu’un robot. Il avait même appris des blagues et arrivait à me faire rire, l’obscurité faisait place à la lumière peu à peu dans ma vie. Un jour j’étais dans ma chambre et j’entendis la voix de mon frère au salon. J’étais bouleversée, depuis sa mort je ne l’avais entendu. Était-ce mon esprit qui me jouait des tours ? Je courus descendre pour voir ce qu’il en était, et il était là, devant moi. Ce corps froid que j’avais découvert à mon réveil, cette personne dont j’avais assisté à l’enterrement et que je ne cessais de pleurer depuis des mois. Mon petit monstre était bien là. Je m’approchai doucement et le touchai. Je posai ma main sur son cœur pour m’assurer que ce n’était pas un rêve. Mais il n’y avait rien. On aurait dit qu’il n’y avait pas de cage thoracique.

  • Alors je te plais comme ça ? Dit ce jeune garçon en souriant.

C’était Lol qui avait pris l’apparence de mon frère. Je le serrai contre moi et je me mis à pleurer toutes les larmes que mes yeux pouvaient contenir.

– Donc vous voulez vraiment me faire avaler que votre frère de 13 ans avait pu créer un robot qui se métamorphose à sa guise ?

Lol et moi avions passé un marché, quand on était que tous les 2 il pouvait être Kabi le créateur mais dehors devant les gens il aurait l’apparence de ce petit garçon qui était censé être mon cousin venu vivre chez nous. Au début, nous avions une relation quasi parfaite, jusqu’au jour où tout a basculé.

Il y avait cet homme, Christ, un ancien collègue de l’université. À la fin de nos études il était resté en Espagne, mais après 3 ans à l’étranger, il décida de rentrer au pays. Étant donné la relation que nous avions, je fus la première personne qu’il appela. Je me rappelle encore quand je l’avais revu. Un jeune homme à la peau ébène, ses yeux étaient d’une telle profondeur que le sens de la phrase « les yeux sont le reflet de l’âme » je le trouvais en lui. Il était très grand, et son corps ? je vous épargne les détails. Dans ce restaurant, c’était comme s’il n’y avait plus rien autour si ce n’est lui et moi. C’était une soirée mémorable, c’était la première fois ou j’étais vraiment comblée depuis la mort de Todjo. Il me raccompagna et nous avions échangé ce baiser que j’espérais depuis des années maintenant. Arrivée dans la maison, Lol m’attendait au salon. Son regard était froid et méprisant, je ne l’avais jamais vu dans cet état. Cette machine avait toujours été souriante et adorable avec moi. Mais là, j’avais la peur au ventre. Il se mit à hurler, il souleva la table et la lança contre le mur. La table était passée à 30 centimètres de moi, je courus vers les marches pour m’enfermer dans ma chambre mais en quelques secondes il était déjà devant moi pour me barrer le chemin. On pouvait lire la peur dans mes yeux, soudain il était très calme et me caressa la joue tout en douceur. « Ne vois plus jamais cet homme, n’oublie pas que tu es à moi ». Il s’en alla et j’avais pu rejoindre ma chambre. Je fermai ma chambre à double tour et mon cœur battait la chamade. J’avais tellement peur et cette phrase m’avait glacé le sang. Le lendemain je devais voir Christ, à notre endroit préféré, la balançoire près du lac. Je l’avais attendu toute la journée mais personne n’était venu. Le soir je reçus son appel et il m’annonça qu’il retournait en Espagne où sa fiancée l’attendait. Il était désolé pour les espoirs qu’il m’avait donnés. Tout ce qui me restait à nouveau c’était Lol. J’ai passé des nuits à broyer du noir, mais Lol était là, il avait recréé des hologrammes de mes souvenirs, c’est ce qui m’a fait tenir tous ces soirs. J’avais un bout de ma famille avec moi néanmoins. Je décidai de faire une petite promenade pour me détendre l’esprit, je n’avais pas à me morfondre pour un homme qui m’avait quittée au téléphone, Quoi de mieux que le lac. À quelques mètres, il y avait pleins de corbeaux autour de quelque chose. En m’approchant c’était le corps d’un jeune homme. Son thorax était ouvert et il n’y avait aucun organe, des oreilles aux yeux, en passant par ses poumons… C’était presque poétique, un sacré travail je peux vous l’assurer. Je partis de là en courant et appelai la police. En rentrant chez moi j’étais choquée par la scène.

  • –  C’était Christ ?
  • –  Oui c’était bien lui
  • –  Et votre père ? Que s’est-il passé le 10 avril ?Le soir de mon anniversaire, il rentra saoul comme à son habitude. Quand il était dans cet état c’était Lol qui s’occupait de lui. Mais le 10 avril j’étais seule, Lol était allé chercher des pièces en magasin pour me fabriquer un cadeau d’anniversaire. Ma vie était à la dérive et tout ce que je souhaitais c’était de rester toute seule enfermée dans ma chambre, seule avec mes démons. J’étais en haut quand j’entendis le bruit assourdissant d’un vase qui se brisait. Je me doutais bien que c’était mon père. En descendant je le voyais là assis par terre, il avait pissé sur lui. Quand il m’avait vu, il m’appela par le prénom de ma mère. Je m’approchai de lui pour l’aider à monter dans sa chambre. Il me sourît et me dit « mon amour kala, pardonne-moi de pas avoir pu prendre soin de nos enfants, pardonne-moi d’avoir perdu l’église que nous avions construite, pardonne-moi mon amour. Laisse-moi te rendre heureuse ce soir ». Je le laissais un moment devant les marches et je me dirigeais vers la cuisine pour mouiller un habit et l’essuyer le visage quand soudain mon père ou plutôt mon bourreau surgit derrière moi. Il me serrait si fort que je lui demandais en criant de me lâcher. Tout ce qu’il avait sur lui c’était son t- shirt qui sentait des kilomètres à la ronde. Dans notre lutte il m’avait cogné contre le frigo, ensuite c’était le paillasson. Je pouvais sentir sa barbe nauséabonde dans mon cou. J’essayais de me libérer en usant de toutes mes forces. Je fus blessée à la jambe et à la tête ce qui m’a valut une méchante cicatrice, mais la vraie blessure, celle de l’âme était en cours de se produire. Il réussit à me plaquer contre le sol en me chuchotant « ça m’excite quand tu te débats bébé ». J’étais à bout de force. Cette nuit c’était le jour où j’étais morte à mon tour. Je fixais la montre accrochée au mur et chaque seconde me paraissait être des heures. Sur ce plancher les larmes s’étaient envolé, il ne restait plus qu’une fille vide à l’intérieur.

– Ensuite ?

Mon sauveur arriva avant la fin de la partie et s’occupa de lui et il me déposa dans ma chambre. Je peux vous assurer qu’il fit un travail de maitre (sourire), il avait découpé chaque membre de son corps, centimètre par centimètre. Il avait pris soin de lui injecter une solution saline, cette solution le gardait éveillé mais ne soulageait pas la douleur. C’était plaisant de le voir mourir seconde par seconde. Son sang qui giclait à chaque seconde, d’abord lui découper par morceau en commençant par les oreilles et remonter vers le ventre. Ouvrir celui-ci et faire sortir des organes qui serviraient pour des dons dans les hôpitaux. Une belle façon d’honorer la mémoire de Kabi, c’est le genre de chose que tout le monde devrait vivre ou voir. Il n’y a pas sentiment plus fort et rien ne vous fait sentir aussi vivant

– Il y a une chose qui m’intrigue dans votre récit dit la dame qui se chargeait de poser des questions. Il y a une chose que j’ai du mal à comprendre, pourquoi vous parlez de votre frère deux fois comme le « créateur », et vous êtes admiratrice quand vous décrivez le cadavre de votre amant, souriante quand vous décrivez le mode opératoire du meurtre de votre père alors que vous étiez dans la chambre ? Vous êtes presque fascinée par ce que Lol a fait. La fameuse cicatrice sur votre cuisse le jour de votre viol a disparu. Et le meurtre de mon frère et ses amis ce soir du 10 avril où une petite fille affirmait vous avoir vue alors qu’on venait de vous violer ? Était-ce les œuvres de Lol ?

La dame s’approche de Lechica et la regarde dans les yeux. Elle avait ce sourire qui l’intriguait au plus haut point.

– Dis-moi un peu ce que j’ai raté dans ce récit ou ce que j’ai compris de travers.

La jeune dame posait sa main sur la poitrine de Nénamè, il n’y avait aucun battement cardiaque, on aurait dit qu’il n’y avait pas de cœur ni de cage thoracique. Comment était-ce possible ? la jeune fille avec qui elle discutait depuis un moment était peut-être ce Lol ? Au même moment des hommes ouvrirent la porte avec Lechika à leur bras.

lexique

  • Lechica : briller (Vili)
  • Kabi : largesse, charité (Vili)
  • Kala : vieux, adjectif qualifiant les choses (lingala)

La ville suivant mon cœur Part 1

Si vous êtes de passage au Congo ou même que vous y habitez, marquez un stop à Pointe Noire. C’est la deuxième ville du pays, c’est sûrement pas la plus belle des villes mais c’est une ville pleine d’histoire et aussi la plus vivante que j’ai jamais vu. Vous me diriez sûrement sur quelle base j’avancerai cela, Mais je vous répondrai que c’est suivant mon cœur.
Parmi les merveilles que regorge cette ville maritime il y a ce petit musée à quelque kilomètres de la ville, c’est le musée de Loango.

Là bas j’y ai rencontré deux conservateurs, l’un assez âgée et le deuxième plus jeune. En nous expliquant le caractère historique de cette endroit, on percevait la lueur dans leurs yeux, le sourire et la passion des hommes qui aiment leur travail. Parmi les récits qui m’ont touché il y a ceux de la traite des noirs et colonisation, l’histoire du roi blanc et la préparation au mariage chez les jeunes du royaume.


En ce qui est de la colonisation, le récit n’est pas loin de ce qu’on apprend pendant les cours d’histoire, mais il y a des choses où j’ai appris là bas. Les congolais ont est un peu brouillant durant des générations 😁,

la vie n’un homme noir était l’équivalent de….


Il y a cette phrase qui m’a marqué « chaque tasse de café contient quelque gouttes de sang noir » Je ne vous donnerai tous les détails pour garder la magie intacte lors de la visite.
Il y aussi l’histoire du Maloango (roi de loango), ce qu’il faut noter c’est que dans le royaume Loango c’est le matriarca. Le pouvoir se transmet de l’oncle au neveu, car selon eux on est sûr de la maternité d’un enfant mais pas de sa paternité. Ainsi le roi poaty vient au trône après la mort de son oncle qui y a régné 3 ans avant lui. Son oncle trouva la mort car l’administration coloniale le trouvait trop attaché à nos rites et traditions. Son successeur le roi Poaty a participé à la première guerre mondiale et a même été décoré à ce titre. Ce qui le démarquait de ses prédécesseurs c’est qu’il avait adopté la culture européenne. Que ce soit dans son habillement, sa maison et autres. Il avait opté pour le véhicule et avait délaissé le « tipoye » (moyen par lequel on transportait les rois à l’époque).

En ce qui est du mariage, les jeunes filles suivaient tout un rituel de préparation 🙂.

En outre lors de la visite on parle de l’histoire des différents royaumes du Congo, leur tradition, us et coutumes, les objets traditionnels, le mode de vie à cette époque… et une belle exposition photo de Pointe Noire dans Les années 30-50.

Faites y un tour et découvrez la magie de ce lieu sacré. Surtout vivez librement

2 leçons

J’ai eu une conversation avec deux personnes sur des sujets différents et j’en ai tiré deux leçons. La première c’était avec une amie de longue date. Ce genre d’amie avec laquelle vous commencez une conversation dans le style « bonjour comment tu vas » et tu te retrouves à apprendre une vraie leçon de vie. La deuxième c’est avec cette personne que tu connais depuis peu mais vous avez des conversations qui te touchent et t’inspirent vraiment

Leçon 1 : croire en quelque chose en espérant un retour n’est que déception

Pour situer le contexte de la conversation, il y a cet article qui parlait de méritocratie et de médiocrité. Un excellent article d’une femme sur la désillusion par rapport à l’éducation fondée sur la méritocratie qu’elle avait reçue ; ce sur quoi elle avait bâti sa vie.

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Attendre quelque chose en retour de ce monde en fonction de ce qu’on lui donne n’est pas la bonne attitude à avoir. Si tu t’investis, fait le pour toi en gardant tes convictions, attendre que le monde soit meilleur est une illusion. Ce qui anéantit les hommes ce ne sont pas les croyances mais le pourquoi de ces croyances. Croire en quelque chose en attendant un retour n’est que déception. Par exemple la religion, plusieurs personnes disent « je crois en Dieu car c’est le Dieu des miracles » ok il l’est mais le jour où il ne le sera plus, croiras-tu toujours en lui ? tout comme croire que si tu agis en bien, tu n’auras que du bien, c’est faux. Il faut faire les choses parce que c’est dans tes principes et là peu importe le résultat tu es bien avec toi-même.

J’avais entendu dans une prédication sur le « fish love ». Le pasteur a commencé en disant : il y a des hommes qui disent aimer le poisson, si le poisson pouvait savoir dans quel sens il l’aime ; il n’en serait pas ravi. En lui posant la question pourquoi aimes-tu le poisson, il répondra parce qu’il comble ma faim, parce qu’il me procure du bien, parce qu’il est bon… En fait cet homme aime ce que le poisson lui procure et non le poisson en lui-même. C’est ainsi dans chaque relation, en amour, amitié, religion… On aime parce qu’on a des attentes qui nous satisfont nous. Je l’aime parce qu’il est beau, je me sens bien dans ses bras ; avec Dieu je me sens libre, c’est mon consolateur… ; mon ami est toujours là pour moi, il me comprend… Ce qui veut dire que le jour où il n’y aura pas tout ça tu n’aimeras plus. On commence à aimer vraiment lorsque ta seule préoccupation est de donner et non de recevoir. C’est ça le fondement de l’amour. »

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Leçon 2 : casser tes gros objectifs en petits morceaux

Le plus important c’est de se fixer des objectifs à court terme (casser tes gros rêves et objectifs) et d’y aller étape par étape en commençant par ce que tu peux contrôler. Tout ce qui ne dépend pas que de nous est toujours sujet à des discussions et incertitudes, comme le travail, l’indépendance financière (qui est souvent liée au travail) ou autres. Il faut plutôt prendre le temps de faire des remises en question.

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Prenons l’exemple d’un homme qui est au chômage depuis l’année passée donc en quête d’emploi depuis un an maintenant, et qui envisage par ailleurs de se tourner vers l’agroalimentaire dans le futur. Ce dernier devrait se poser des questions sur quels étaient ses objectifs l’an passé ? Pourquoi ça n’a pas marché et surtout quelle en est sa part de responsabilité? Qu’est ce qui est indispensable à cette réussite aujourd’hui? En gros faire un bilan de l’an passé concernant sa recherche d’emploi.

Ensuite le projet de se lancer plus-tard dans l’agroalimentaire demande son implication à 90%. D’abord il lui faut écrire le projet- faire une étude de marché- enregistrer l’entreprise- voir s’il y a des financements possibles dans ce domaine. Ce sont des petits morceaux d’objectifs avant de le voir se réaliser, avant même de penser à trouver de l’argent pour le finaliser. D’où l’importance de casser ses gros objectifs/rêves en petits objectifs.

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Après, il lui faut accepter qu’ il aura toujours des choses dont la concrétisation ne dépendent pas de lui comme trouver du travail; étant donné que ce n’est pas lui qui donne du travail.

Il ne faut donc pas se faire violence en se disant qu’on est en retard par rapport à ceci mais plutôt se dire qu’il faut y arriver à telle date et si on y arrive pas à cette date, il faut s’accorder un sursis plus une nouvelle alternative pour éviter de perdre son temps. Exemple : je cherche du travail présentement et je veux aussi ouvrir dans l’avenir une entreprise dans l’agro-alimentaire. L’idée c’est d’arriver à se dire par exemple que
si d’ici le 15 je n’ai pas d’entretien d’emploi, le 16 je vais m’inscrire à une formation d’agroalimentaire pour préparer mon projet et ainsi de suite….
Il faut surtout éviter d’être déçu car la déception tue le rêve. Et n’oubliez pas de vivre librement.

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Moi 23 ans

D’entrée je vous préviens qu’il est 3h du matin, je suis insomniaque et j’ai eu cette pressente envie d’écrire car cette nuit j’ai le sommeil léger, je pense et repense…

Pour la première fois de ma vie j’ai cette impression que la pression sociale subie au quotidien m’affecte vraiment. Ce genre de nuit où tu réfléchis à ta vie et tu te dis et s’ils avaient raison…

Dans ma tête mon avenir a toujours été tout tracé. Je serai ingénieur à 21 ans. 4 mois plus tard j’aurai un boulot très bien rémunéré, à 24 ans je ferai mon premier enfant, que le père soit présent ou pas ça me serait égal. Je serai une femme indépendante qui vivrait très bien toute seule, et j’aurai peut-être débuté le lancement de mon entreprise dans le domaine de mes rêves depuis ma première année d’université : l’agroalimentaire. En y repensant j’ai un sourire au coin. Bientôt je passerai le cap des 23 ans et ça va bientôt faire un an que j’ai fini mes cours.
La vie ne nous donne pas toujours ce qu’on veut n’est ce pas?

Contemplating her next move

Depuis mon retour au pays (quelques mois) je reçois la pression de partout comme quoi je deviens trop vieille pour être célibataire (ce que j’assume pleinement). J’avoue que ça ne m’avait jamais dérangé mais ce soir pour la première fois de ma vie je me suis demandée et s’ils avaient raison. Et si en vrai j’étais en train de passer à côté de ma vie sans le réaliser. C’est fou comme on croit toujours que ces paroles ne nous affectent pas jusqu’au jour où comme aujourd’hui onny pense réellement…
Alors survint cette impression que les accomplissements dont tu étais fière ne sont pas si énormes en fin de compte. Cette conviction que l’accomplissement d’une femme serait finalement le mariage…

Ma mère m’a dit que ses sœurs se demandent s’il n’y a toujours pas quelqu’un dans ma vie car je deviens vielle. Une autre tante m’a dit avant hier que « être ingénieur c’est du papier la vraie raison d’être d’une femme c’est le mariage ». Je n’ai répondu. J’ai juste fait ce sourire que je fais quand quelqu’un me dit quelque chose qui m’énerve au plus haut point, mais que je ne veux le montrer. Après tout il faut être respectueuse en toute circonstance.

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Après je me demande si elles réalisent que ce qu’elles appellent « ingénieur c’est le papier » constitue le fruit de 5 années de dure labeur, le fruit de plusieurs nuits blanches, de plusieurs hospitalisations parfois à la vieille des gros examens, le fruit de plusieurs galères traversées avec des amis ou en solo, le fruit de certains cours séchés (mais cette partie reste entre nous). Je repense à cette maladie grave appelée la dingue, qui m’a fait rester 2 semaines au lit mais où je devais travailler malgré tout parce qu’il avait ma soutenance à préparer. Le réalisent-elles?… Je ne crois pas. En fin de compte, ma valeur est liée au fait qu’un homme veuille bien me passer la bague au doigt.

Cette nuit je pense à ma mère. Je me demande si elle est fière de moi. Si au final elle n’est pas déçue qu’après tant d’investissements sur ma personne, je ne fasse pas pleuvoir les billets. Si elle n’est pas déçue que je ne lui aies toujours pas rapporté cette voiture que je lui avais promis il y a 3 ans de celà. Sait-elle au moins que ça me ronge de ne pas toujours faire d’elle ma reine. Quoi qu’il en soit c’est ma promesse, je lui offrirai le paradis, car il se trouve sous ses pieds.

Mais si seulement elle réalisait la pression qu’elle me fait en ramenant sans arrêt le sujet du mariage sur la table. Ce sont des réflexions qui inconsciemment prennent petit à petit possession de toi et qui te paralysent littéralement.

Puis il y a cette phrase, celle de ma sœur qui me fait sourire le temps d’un instant « Sors et arrête de déprimer, vis ta vie et tu n’es certainement pas un échec. Ne laisse pas la pression sociale prendre le dessus », mon eau glacée sait quoi dire quand il le faut.

Au final c’est à ça qu’il faut s’accrocher, trouver cette force de continuer et d’aller de l’avant, trouver cette petite raison qui te donne le sourire quand tu es insomniaque et que tu te plains de la vie (je sais il y a bien pire). Cette personne qui te donne la force au quotidien. Celle là qui prend son temps quand tu l’appelles parce que tu penses être bipolaire, en raison de ta capacité de passer d’une joie profonde à une tristesse profonde et vis versa en quelques minutes. A mon rayon de soleil j’aimerais exprimer ma gratitude…

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Je suis une jeune femme qui se donne du mal pour s’accomplir personnellement avant tout, parce qu’à mes yeux c’est le plus important au final, le reste ne dépendant pas de mon bon vouloir.
Alors cette nuit je ne terminerai pas ces écrits sur ma pointe de déprime mais sur ma profonde conviction que nous sommes plus forts que nous le pensons. Que notre capacité à surmonter chaque épreuve dépasse notre entendement, et qu’il faut vivre sa vie comme on l’entend. Que la valeur d’une femme ou son accomplissement ne se mesure toujours pas au mariage mais à la personne qu’elle est et celle qu’elle aspire à être. Ne pas laisser les gens parvenir à te faire douter de toi-même.
Au final il faut vivre pleinement selon nos objectifs.

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