Certaines personnes choisissent des partenaires en fonction des potentialités qu’ils entrevoient et qui n'aboutiront peut-être jamais

Il  m’est arrivé de souvent entendre les hommes et les femmes de mon entourage dire que le plus important dans le choix d’un partenaire était de jauger son potentiel. Dans la pensée collective, il y a ce mythe qui suggère que le meilleur choix c’est de miser sur celui / celle qui aura des chances de “réussite” plutôt que la personne qui a déjà atteint cette réussite au moment de la rencontre. Bâtir un avenir à deux serait la garantie de la loyauté. Je fais d’ailleurs partie de celles qui l’ont longtemps pensé. Mais un jour, une personne m’a dit qu’il fallait arrêter de percevoir des potentialités chez autrui. Les gens sont ce qu’ils sont et il faut juste l’accepter comme tel. Certaines personnes choisissent des partenaires en fonction des potentialités qu’ils entrevoient et qui n’aboutiront peut-être jamais. Ce que la personne nous montre c’est peut être ce qu’on aura jusqu’à la fin, autant tout accepter tout de suite. En outre, dans mes conversations avec des femmes divorcées, la grande majorité me dit que la raison de leur divorce c’est d’avoir choisi de jouer les aveugles sur la nature de leur partenaire et d’avoir cru à un potentiel inexistant. Que ce soit dans le comportement, la gestion des fonds financiers… 

« Certaines personnes choisissent des partenaires en fonction des potentialités qu’ils entrevoient et qui n’aboutiront peut-être jamais »

Cette réflexion me ramène vers un souvenir d’enfance. Durant mes études, je me suis toujours sentie plus à l’aise dans les domaines calculatoires que littéraires. Je veux dire, en mathématique par exemple, un plus un donne un résultat irréfutable et universel quelque soit la région du monde le background ou l’interprétation que l’on peut avoir de la science. A l’opposé, dans une matière comme la philosophie, tout est discutable et les vérités ne sont pas toujours immuables. Un sujet de philosophie peut être interprété et compris de plusieurs manières différentes tout aussi vraies les unes que les autres. Aussi la lecture n’était pas ce que je préférais dans ce monde.

Donc pour ce qui était du choix de carrière, je ne savais pas ce que j’allais faire de ma vie mais je savais que je ne m’orienterais pas vers des domaines qui nécessitent beaucoup de lecture et des domaines littéraires. Lorsqu’on m’a suggéré de faire médecine, la réponse a tout de suite été non. Je ne voulais pas être médecin. Cette discipline était un combiné de lecture, et de plusieurs autres sciences. C’était celà ma seule certitude.

La médecine n’est peut-être pas la profession la plus lucrative, surtout dans nos contrées où le rapport entre l’effort investi, les sacrifices consentis et le salaire perçu est souvent inéquitable. Toutefois, dans la société congolaise, du moins dans mon entourage, elle est synonyme de prestige social et de noblesse. Comme de nombreux parents, les miens avaient le rêve que leurs enfants deviennent médecins.  La propagande a commencé dès mon jeune âge. Je me rappelle encore comment ma mère exprimant fièrement son désir de me voir embrasser cette voie en raison de mes compétences, tant sur le plan académique que personnel. Ils ont usés de tous les moyens à leur disposition mais ce n’était pas quelque chose que je voulais.  

Au-delà du manque d’attrait pour cette carrière, je me percevais comme ayant des compétences limitées. La lecture ne m’intéressait pas, les longues études me rebutaient, et je nourrissais l’ambition de devenir riche rapidement. De plus, je ne me voyais pas devoir voir du sang et parfois des horreurs dans les vies humaines tous les jours de ma vie. Par quel miracle croyaient mes chéris en cette éventualité ? Après des années de persuasion, ils ont fini par abandonner. Ce n’était pas ma voie et ils devaient se faire une raison. Leurs enfants, du moins moi, ne sera jamais médecin. 

Aujourd’hui, je m’interroge sur la signification réelle du potentiel et sur son existence même. je réfléchis à mon propre rapport à la potentialité. Je fais partie de ceux qui sont souvent attristés en pensant que x peut faire 10.000 choses mais il n’ose pas malgré les encouragements. A la fin de la journée est ce que ce fameux potentiel que l’on peut percevoir chez autrui n’est pas simplement la projection de nos propres envies, nos propres rêves, nos propres besoins chez autrui ? Comme autrefois, ma mère a vu en moi un potentiel médecin que je ne suis pas devenu, dans d’autres contextes, certains choisissent de passer leur vie avec une personne à cause d’un potentiel. Mais parfois le potentiel que nous voyons en autrui n’est toujours pas ce qu’il perçoit de lui-même.

En écrivant tout ceci, J’arrive au terme de cet article et je n’ai trouvé aucune réponse. Peut-être que vous lisez tout ceci aurez une piste de réponse.

Quoi qu’il en soit, vivez librement